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samedi, 14 novembre 2009

Marcel Rajman, la génération de la colère

Rajman.jpgMARCEL RAJMAN

LA GÉNÉRATION DE LA COLÈRE

Marcel Rajman est né le 1er mai 1923, à Varsovie que son père, artisan-tricoteur, quitte en 1931 pour la France avec sa famille qui s'est enrichie d'un fils, Simon.

Dans le modeste logement, rue des Immeubles-Industriels, l'une des deux pièces est réservée à l'atelier. Cette proximité fait que Marcel n'a nul besoin d'apprendre le métier : livreur d'abord, il se met, dès l'âge de quinze ans, à la machine. Il reste pourtant un enfant de la rue, dans le meilleur sens du terme. Ce quartier, s'étendant de la Nation à la Bastille et à la place Voltaire (actuelle place Léon Blum), est peuplé d'ouvriers et d'artisans juifs qui, en dépit de tracasseries administratives allant jusqu'au refus de séjour, gardent leur confiance à la France de "Liberté-Égalité-Fraternité" et ne pensent qu'à faire de leurs enfants de bons Français. Et c'est sur la révolution socialiste, bien plus que sur une hypothétique venue du Messie, qu'ils fondent leurs espoirs de délivrance.

La rue, ce sont les copains et les copines, juifs et non-juifs, avec lesquels on s'amuse, on va à la piscine, on fait du camping, on cueille le muguet dans la forêt de Sénart et, ce n'est pas la dernière des choses, on distribue des tracts qui de la jeunesse socialiste, qui de la jeunesse communiste.

Voilà le climat dans lequel baignent Marcel et tant d'autres garçons et filles qui entrent dans la résistance en réaction aux persécutions antisémites, surtout à la déportation de leurs parents.

Avec eux, c'est "la génération de la colère" qui prend les armes. Marcel Rajman a 18 ans lorsqu'il assiste, impuissant, à une chasse à l'homme autour de la Nation, le 21 août 1941 : la capture de son père, qu'il ne reverra jamais. Profondément choqué, il demande son affectation au Deuxième Détachement juif de la MOI. Après le démantèlement de cette formation, en juillet 1943, Marcel Rajman est muté dans l'équipe spéciale dont il deviendra l'animateur. Son rôle déterminant dans l'attentat contre le haut dignitaire nazi, Julius von Ritter, lui vaudra des journées de tortures les plus bestiales, selon les témoignages des résitants revenus de déportation.

À elle seule, la famille Rajman incarne d'une façon on ne peut plus globale, la tragédie juive de ce temps meurtrier ; le père, raflé et déporté, ne reviendra pas ; la mère, arrêtée en même temps que ces deux enfants, sera déportée et ne reviendra pas non plus ; Marcel tombera à l'âge de 20 ans sous les balles du peloton d'exécution ; Simon, déporté, survivra au camp de Buchenwald.

L'ATTENTAT CONTRE JULIUS VON RITTER

UNE GIFLE POUR BERLIN

COMMUNIQUÉ DES FTP-MOI

"Le 28 septembre 1943, à 9 heures du matin, dans la rue Pétrarque à Paris, trois partisans armés de pistolets ont abattu dans sa voiture le Dr Ritter, représentant en France de Fritz Sauckel, commissaire à la main-d'œuvre, chargé de la déportation en Allemagne des travailleurs des pays occupés." L'opération s'est déroulée sous l'autorité de Manouchian. Alfonso tire le premier ; les balles sont amorties par les vitres de la voiture mais l'homme est gravement blessé ; il tente de sortir du véhicule par la porte opposée et se trouve nez à nez avec Marcel Rajman qui l'achève de trois balles.

Source : Adam Rayski