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dimanche, 19 septembre 2010

Les Brigades spéciales

LES BRIGADES SPÉCIALES

« FER DE LANCE » DE LA POLICE FRANÇAISE

On constate, à partir de 1942, un afflux aux BS (brigades spéciales) de volontaires issus du corps des gardiens de la paix, voire des éléments extérieurs recrutés sur concours. Les plus zélés se retrouvaient dans les quatrième et cinquième groupes de la BS 2(ceux de Bouton, membre du PPF de Doriot, et Barrachin). En fait, la plupart de ces inspecteurs vivent dans un climat xénophobe, antisémite et anticommuniste.

Pour de jeunes policiers pleins d’ambition, les BS les BS constituent une affectation recherchée et enviée pour ses avantages. Outre un réel prestige, un travail prenant, voire exaltant, généreusement récompensé par des gratifications, médailles et primes, la titularisation comme « inspecteur spécial », même en cas d’échec au concours, y est automatique au bout d’un an. L’avancement s’y fait au rythme le plus favorable et les remboursements de frais, très largement calculés, confèrent une aisance inespérée en cette période de pénurie et de marché noir.

LES BS FÉLICITÉS PAR PÉTAIN

Témoignage d’un policier

J’avais assurément une grande confiance dans le maréchal Pétain. […] Je l’avais rencontré au printemps 1944, lorsque le préfet de police Bussière nous fit savoir qu’étant allé à Vichy rendre visite au maréchal, celui-ci s’était montré vivement intéressé par l’activité des BS, auxquelles il envoyait ses félicitations chaleureuses. Il avait d’ailleurs, à cette occasion, signé le livre d’or de la Préfecture de police : « En témoignage d’admiration pour les brigades spéciales. » (Voir l’ouvrage de Jean-Marc Berlière et Laurent Chabrun, Les Policiers français sous l’Occupation).

FILATURES ET TORTURES :

DEUX SPÉCIALITÉS DES BS

La filature — le summum de la science policière — était maîtrisée d’une façon parfaite par les inspecteurs des brigades spéciales. Le plus important était l’art du « portrait parlé », mémoriser en quelques instants le portrait du « filé » jusqu’au plus petit dtail vestimentaire, par exemple la couleur des chaussures, voire des chaussettes…

« Les inspecteurs chargés d’une surveillance — expliquera l’inspecteur Lavoignat dans son mémoire et dans un texte intitulé Ma façon de travailler présentés pour sa défense à la Libération — marchaient à deux et devaient présenter, environ tous les deux jours, des rapports journaliers. Ils étaient tenus de téléphoner quotidiennement au chef de groupe chargé de l’affaire pour rendre compte de leur travail et recevoir les ordres qui pouvaient leur être transmis […]. Lorsque quelques personnes étaient connues, deux équipes étaient alors mises sur l’affaire. Il arrivait qu’il y ait trois équipes sur la même affaire. » L’objectif prioritaire était l’identification de la personne filée. Puis il importait de la « loger », c’est-à-dire de repérer sa planque.

Quand il s’agissait de surveiller un lieu fixe où le camouflage était difficile, ils utilisaient des camionnettes ou des camions bâchés. La filature elle-même s’effectuait par équipes dont les membres étaient échelonnés tous les 50 mètres, de part et d’autre du trottoir. Les policiers pouvaient être camouflés en ouvriers, en employés des PTT ou de la STCRP (la société des bus parisiens), ou bien en clochards. Des résistants ont même signalés qu’ils avaient été suivis par des individus portant l’étoile jaune […]. Une filature pouvait durer des mois et elle le devait si elle voulait être efficace.

Pour les résistants, la filature s’avérait être une redoutable arme psychologique au service de la police.

Ils se sentaient traqués mais il suffisait que la surveillance se relâchât pour qu’ils se mettent à douter de leurs impressions de la veille. Une psychose, une sorte de fièvre s’installaient dans les rangs, on voyait un policier dans chaque personne de la rue ou du métro, tandis que les vrais passaient inaperçus. Les états d’âme des résistants traqués alternaient entre deux pôles extrêmes : l’angoisse et le calme absolu. Cet état se trouvait renforcé par la volonté de ne pas abandonner le combat.

Une fois arrêté, le résistant était transféré dans les locaux des BS, au deuxième étage de la préfecture, salle 35.

Les méthodes d’interrogatoire des BS étaient particulièrement brutales, comme on l’a vu dans l’affaire des jeunes communistes juifs. Un policier résistant, Angelot, le confirme : « Au sein des brigades spéciales, il s’est passé des faits atroces : matraquages à l’aide des poings, des pieds, de nerfs de bœufs. On retrouvait les résistants menottes aux mains, jambes enchaînées, pouvant à peine se traîner, un vrai cauchemar. »

Extrait de L’Affiche rouge, Adam Rayski, 2003

Et aujourd'hui...

Brice Hortefeux crée les "brigades spéciales"

"un nom pas anodin", vraiment ?