Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 06 janvier 2008

Olga (Golda) Bancic

GOLDA BANCIC
 
 
d9dcd13e3cf227fd01ed4b749c7eca73.jpg
 

(Chargée du transport d'armes, elle a participé à une centaine d'attaques contre l'armée d'occupation. Déportée, elle fut guillotinée dans la cour de la prison de Stuttgart, le 10 mai 1944, le jour de son trente-deuxième anniversaire.)

16 novembre 1943
Pierre Gautherie *
(commissaire)

 

Constatons que les inspecteurs Blanchin, Candas, Gourjon, Amigou, Brandy et Schultz mettent à notre disposition la nommée
Bancic Golda, née le 28 mai 1912 à chizineau (Roumanie), de Noé et de Zeains Marie, célibataire, un enfant, de nationalité roumaine et de race juive, sans profession, sans domicile connu.

Arrêtée ce jour, à 13 h 30, rue du Docteur-Paul-Brousse (Paris 17e), dans les circonstances énoncées au rapport ci-joint, alors qu’elle se trouvait en compagnie du nommé Rajman Marcel dit « Michel », membre de l’équipe spéciale des FTP.

Fouillée lors de son arrestation, par une personne de son sexe, elle a été trouvée porteur d’une fausse carte d’identité au nom de Lebon née Petresca Marie.

La femme Bancic fait l’objet aux archives centrales de notre direction d’un dossier n° D.117.587 où l’on trouve un rapport de renseignements en date du 15 décembre 1941, relatif à l’évasion de son amant le nommé Salomon Jacob de l’hôpital Tenon, le 23 novembre 1941.

Elle est inconnue aux archives de la police judiciaire.

Son nom n’est pas noté aux sommiers judiciaires.

Nous procédons à son interrogatoire par acte subséquent.

Le commissaire de police.

Interpellée verbalement lors dès son arrivée à notre service, la femme Bancic a reconnu après de nombreuses réticences être domiciliée 114, rue du Château-d’Eau.

Le commissaire de police

 

16 novembre 1943

Interrogatoire de Golda Bancic (Extraits)

….je me nomme Golda Bancic née le 28 mai 1912 à chizineau (Roumanie), de Noé et de Zeains Marie, célibataire, un enfant.
Je suis de nationalité roumaine et de race juive.
Je suis démunie de pièce d’identité d’étranger.
Je suis domiciliée 114, rue du Château à Paris 14.
Je sais lire et écrire le français.

Sur les faits :

Je suis arrivée en France en 1938, venant de Chisineau. J’avais l’intention de suivre mes études à la faculté de lettres où j’étais inscrite quelques jours après mon arrivée jusqu’à la déclaration de guerre.

J’ai retrouvé à Paris un de mes compatriote que j’avais connu en Roumanie. J’ai vécu avec lui maritalement 2 cité Popincourt, puis 60, rue Saint-Sabin.

Mon ami s’appelle Jacob Salomon, il a été arrêté en septembre 1941, je crois, en temps que juif roumain et interné à Drancy. J’ignore ce qu’il est devenu.

En avril 1943, je suis venue habiter 114, rue du Château à Paris. Pour subvenir à mes besoins je faisais des ménages.

En juillet 1943, une personne dont je n’ai jamais connu le nom, m’a demandé de travailler pour une organisation communiste. J’ai accepté. Elle m’a alors présenté à un homme avec qui j’ai toujours travaillé. Je me refuse à vous donner le pseudonyme de cet homme, du reste je ne m’en souviens plus.

J’ai pris le pseudonyme de Pierrette, je ne sais pas le numéro matricule qui m’avait été affecté, j’ignore à quel détachement j’appartenais.

Les premiers temps, l’homme avec qui je travaillais m’a passé quatre pistolets et quatre grenades que j’ai entreposés chez moi.

Mon rôle consistait à porter les armes sur les lieux ou plutôt à proximité des lieux  d’opération. Après l’opération les camarades me rendaient les armes que je rapportais chez moi.

J’ai effectué ce travail quatre ou cinq fois. Je ne me souviens plus à quels endroits je me suis rendue ni de quelles opérations il s’agissait.

Les derniers temps je n’ai pas repris les armes chez moi celles-ci sont restées aux mains de mes camarades. Je n’ai plus de matériel chez moi.

A l’issue d’une de ces opérations, j’ai appris qu’un camarade appelé « André » avait été blessé accidentellement. Je sais que ce camarade a été soigné par des docteurs n’appartenant pas à notre organisation. J’ignore le nom et l’adresse de ces docteurs.

S.I. Je touchais de l’organisation 2 300 francs par mois, ainsi que des titres de ravitaillement.

La carte d’identité qui a été découverte sur moi au moment de mon arrestation, m’avait été remise par un membre de l’organisation dont j’ignore le pseudonyme.

N.S.I. au moment de mon arrestation, j’étais en compagnie d’un individu que je voyais pour la première fois. Je m’étais rendu à ce rendez-vous sur instruction. J’ignore ce que me voulait cet homme. Je n’ai aucune idée de l’objet de ce rendez-vous. Il s’agit bien de l’individu dont vous me représentez la photographie et que vous me dites s’appeler RAYMAN (« Michel »). Il y avait un autre homme à ce rendez-vous, mais je n’y ai pas prêté attention, je ne l’avais jamais vu.

* Après le déménagement de la BS2 au deuxième étage, galerie sud (préfecture de police), avec la BS1, ce sont les salles 33, 35, 36 et 38 qui serviront aux interrogatoires. Il semble dès lors que la proximité des lieux ait amené des inspecteurs désœuvrés ou disponibles dans des locaux communs aux deux BS à participer indifféremment aux brutalités contre des prévenus, quelle que soit la brigade ou le groupe concernés. A partir de l’automne 1943, à la suite des menaces de la radio anglaise et des risques de délation de collègues qui réprouvent ces méthodes, les séances se déroulèrent dans le propre bureau du commissaire Gautherie, à l’abri des regards et des témoins.

Cette note figure à la page 442 de l’excellent ouvrage Liquider les traîtres la face cachée du PCF 1941-1943, Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Éditions Robert Laffont, Paris, septembre 2007.
 
Nota : Merci de nous communiquer toutes les informations concernant Olga Bancic, qui seraient en votre possession, suceptibles de mieux faire connaître cette martyre de la Résistance.