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vendredi, 23 février 2007

Marcel Rajman au cœur de la tragédie juive

"Rajman le tueur", c'est ainsi que le qualifia l'hideuse campagne de propagande déclenchée après son exécution et celle de ses camarades. Marcel Rajman — est-il nécessaire de le dire — n'avait rien d'un "tueur". Il participait volontairement et tout simplement à la guerre contre l'occupant mais sans uniforme. Il était un enfant du quartier de la rue des Immeubles-Industriels, quartier où les pères — et même les mères — travaillaient très dur pour assurer la subsistance de la famille, où l'on était "juif sans problème", parce que né juif, et où l'on croyait fermement à la promesse de délivrance par l'avénement universel du communisme.

Vint ce jour du mois d'août 1941 où tout l'arrondissement se transforma en un terrain de chasse : la chasse aux Juifs. Marcel assiste à l'arrestation de son père. Puis il apprend sa déportation. Profondément choqué, comme tant d'autres jeunes Juifs, il éprouvera le besoin pressant de se battre. Et lorsque la possibilité lui est offerte de se servir des armes, il n'hésitera pas.

Son rôle décisif dans l'attentat contre Julius Ritter, haut dignitaire allemand, provoquera à Berlin la colère de Himmler en personne qui ne peut admettre qu'un "aryen" tombe sous les balles tirées par un homme de la "race inférieure". Il sommera la police française à ses ordres de "mettre rapidement fin aux menées des terroristes juifs étrangers".

Jusqu'aux derniers instants de sa vie (20 ans), Rajman restera plongé dans la dramatique condition juive de cette époque. Son père déporté, sa mère arrêtée et son jeune frère — déjà dans la Résistance — arrêté lui aussi. Une famille qui, à elle seule, incarnera tout le destin des Juifs de France et d'Europe.

Le sang de Marcel Rajman s'est mêlé au sang de ses camarades français, espagnols, arméniens ou italiens que la propagande de haine raciale et antijuive n'est pas parvenue à diviser. Les causes des peuples défendant qui son droit de vivre, qui sa liberté, n'en faisaient qu'une.

L'hommage que Paris lui rend aujourd'hui, en donnant son nom à une place du XIe arrondissement, s'adresse à tous ses camarades des FTP-MOI comme à l'ensemble des résistants juifs de notre pays qui confondaient le combat pour la survie avec celui de la libération de la France.

Mourir à 20 ans, qui pourrait en mesurer la souffrance ? Et pourtant Marcel Rajman trouve la force pour écrire à sa mère et son frère, de le répéter à plusieurs reprises : J'aime la vie!... Vive la vie!... que tout le monde vive heureux !

Il survivra dans notre cœur, dans le cœur des hommes respectueux de la Mémoire de ces années terribles.

Adam Rayski