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lundi, 07 janvier 2008

Spartaco Fontano

0057a895ae1ca19fe0c65c694f5d964a.jpg Fresnes, le 21 février 1944
 
Mon cher papa, ma chère maman, ma chère sœur,

Dans quelques heures, je serai parti rejoindre Nérone, car aujourd’hui à 15 heures, aura lieu mon exécution.

Mon cher papa, je vais mourir, mais il ne faut pas que le chagrin vous abatte, toi et ma chère maman ; il faut que vous soyez forts, aussi fort que je le suis en ce moment.

Ma mort n’est pas un cas extraordinaire, il faut qu’elle n’étonne personne et que personne ne me plaigne, car il en meurt tellement sur les fronts et dans les bombardements qui’il n’est pas étonnant, que moi, un soldat, je tombe aussi.

Oui, je comprends bien que ce sera dur pour vous tous qui m’aimez de ne plus me voir, mais encore une fois, je vous en conjure, il ne faut pas pleurer.

J’écris ces quelques lignes d’une main ferme et la mort ne me fait pas peur. J’aurais voulu vous serrer une dernière fois sur ma poitrine, mais je n’en ai pas le temps.

Pendant toute ma captivité, j’ai souvent pensé à vous, mais jamais je n’ai eu un moment de défaillance, j’espère qu’il en sera de même pour vous.

Mes chers parents, je termine cette courte lettre en vous embrassant bien fort et en vous criant courage.

 

Papa, maman, sœurette, adieu.

Spartaco

 

Ma chère maman,

 De tous et de toutes, je sais que ce sera toi qui souffriras le plus et c’est vers toi qu’ira ma dernière pensée. Il ne faut en vouloir à personne de ma mort, car j’ai moi-même choisi mon destin.

 
Que puis-je t’écrire, car quoique j’ai l’esprit clair, je ne trouve pas mes mots. Je m’étais engagé dans l’Armée de la Libération et je meurs quand la victoire éclate… Je vais être fusillé tout à l’heure avec mes 23 camarades*.
 
Après la guerre, tu pourras faire valoir tes droits de pension. La prison te fera parvenir mes affaires personnelles, je garde le maillot de papa pour que le froid ne me fasse pas trembler.
 
Ma chère sœur, il ne faut pas trop penser à moi, ne sois pas triste, marie-toi à un bon gars, et à tes enfants, tu leur parleras de cet oncle qu’ils n’ont pas connu.
 
Mon cher papa, il faut que tu sois fort, d’ailleurs, il est impossible que l’homme et la femme qui m’ont mis au monde ne soient pas forts.
Encore une fois, je vous dis adieu. Courage.

Votre fils Spartaco


*Il s’agit en fait de 21 camarades, une erreur de l’éditeur ?

Ils aimaient la vie, lettres de fusillés, présentées par Etienne Fajon, Editions Messidor, Paris, 1985.