vendredi, 01 février 2008
La guérilla urbaine, Adam Rayski
LA GUERILLA URBAINE,
LA FORME DE COMBAT UTILISEE
LA FORME DE COMBAT UTILISEE
PAR LES FTP-MOI
La guérilla urbaine est le type de combat employé par les FTP-MOI parisiens. « Les cadres » du groupe ont acquis, pour certains, dans le combat clandestin en Europe centrale (Szlomo Grzywacz), pour d’autres, en Espagne aux côtés des Républicains dans les Brigades internationales (Celestino Alfonso, Joseph Epstein) mais aussi dans les régiments de l’Armée française pendant les combats de 1940 (Boris Holban, Joseph Epstein, Emeric Glasz), les techniques de la lutte armée. Ce sont des professionnels aguerris. Quant aux plus jeunes du groupe, ils sont certes moins bien formés mais ils disposent, pour se battre, de l’énergie et de la rage.
En 1943, en région parisienne, les FTP-MOI forment le seul groupe de résistants importants qui continuent de lutter l’arme au poing contre l’occupant. Hormis les réseaux de résistance consacrés aux renseignements, les FTP-MOI sont désormais les seuls sur la place.
Mais ce n’est pas un hasard si, en 1943, il n’y avait plus que des étrangers pour mener la lutte armée à Paris. En effet, les groupes de résistants composés de français de souche, qui, comme les FTP-MOI prônent l’action armée, ont tous été démantelés par la police française durant la terrible année 1942. Les résistants français n’avaient pas la même expérience de la clandestinité et de la guérilla urbaine que les FTP-MOI. La chute de leurs réseaux en a été facilité.
Le rapport de forces entre, d’un côté les FTP-MOI et de l’autre la Gestapo et une police française au service des Allemands, est profondément inégal. On compte, dans les rangs des FTP-MOI, 65 résistants actifs à l’été 1943 à Paris. En face, on dénombre (sans la Gestapo), deux cents inspecteurs zélés des Brigades spéciales des renseignements généraux de la Préfecture de police. Ces policiers sont déterminés à mettre fin aux agissements de ces « communo-terroristes ».
L’efficacité et la combativité des hommes et des femmes des FTP-MOI est remarquable. Ils commettent des attentats contre des officiers supérieurs allemands. Ils font dérailler des trains sur des lignes stratégiques. Ils posent des bombes dans des officines de collaborateurs et des restaurants mal fréquentés. Ils lancent des grenades sur la troupe. Ils volent armes, argent et explosifs pour monter de futures opérations.
De juin 1942 à novembre 1943, les FTP-MOI parisiens ont accompli 229 actions contre les Allemands et les collaborateurs, soit une opération armée pratiquement tous les deux jours.
Seuls contre beaucoup :
En 1943, en région parisienne, les FTP-MOI forment le seul groupe de résistants importants qui continuent de lutter l’arme au poing contre l’occupant. Hormis les réseaux de résistance consacrés aux renseignements, les FTP-MOI sont désormais les seuls sur la place.
Mais ce n’est pas un hasard si, en 1943, il n’y avait plus que des étrangers pour mener la lutte armée à Paris. En effet, les groupes de résistants composés de français de souche, qui, comme les FTP-MOI prônent l’action armée, ont tous été démantelés par la police française durant la terrible année 1942. Les résistants français n’avaient pas la même expérience de la clandestinité et de la guérilla urbaine que les FTP-MOI. La chute de leurs réseaux en a été facilité.
Le rapport de forces entre, d’un côté les FTP-MOI et de l’autre la Gestapo et une police française au service des Allemands, est profondément inégal. On compte, dans les rangs des FTP-MOI, 65 résistants actifs à l’été 1943 à Paris. En face, on dénombre (sans la Gestapo), deux cents inspecteurs zélés des Brigades spéciales des renseignements généraux de la Préfecture de police. Ces policiers sont déterminés à mettre fin aux agissements de ces « communo-terroristes ».
Le nombre d’actes de résistance recensé :
L’efficacité et la combativité des hommes et des femmes des FTP-MOI est remarquable. Ils commettent des attentats contre des officiers supérieurs allemands. Ils font dérailler des trains sur des lignes stratégiques. Ils posent des bombes dans des officines de collaborateurs et des restaurants mal fréquentés. Ils lancent des grenades sur la troupe. Ils volent armes, argent et explosifs pour monter de futures opérations.
De juin 1942 à novembre 1943, les FTP-MOI parisiens ont accompli 229 actions contre les Allemands et les collaborateurs, soit une opération armée pratiquement tous les deux jours.
Quelques opérations du groupe :
Levallois-Perret, le 17 mars 1943 :
Attaque à la grenade d’un détachement allemand qui circule rue Rivay. Un soldat allemand tué et 15 blessés.
Paris, le 26 mai 1943 :
Attaque d’un restaurant réservé aux officiers allemands à la Porte d’Asnières.
Paris, le 3 juin 1943, rue Mirabeau :
Deux FTP-MOI attaquent à la grenade un autocar transportant des marins allemands. Lors du repli, l’un des deux partisans, blessé, préfère se tuer avec sa dernière balle plutôt que d’être arrêté.
Paris, le 10 juin 1943, VIIe arrondissement :
Attaque du siège du parti fasciste italien rue Sédillot à l’occasion du troisième anniversaire de la déclaration de guerre de l’Italie à la France.
Rueil-Malmaison, le 23 juin 1943 :
Attaque à la grenade du poste de garde de la caserne Guynemer investi par les troupes allemandes.
Banlieue parisienne :
Dynamitages de pylônes électriques afin de ralentir la production industrielle destinée à l’ennemi.
Eté 1943 :
Recrudescence des déraillements et sabotages sur des lignes et des trains en région parisienne et en particulier sur les lignes de la gare de l’Est.
Paris, 12 novembre 1943 :
Rue Lafayette, IXe. arrondissement, attaque d’un convoyeur de fonds allemand pour assurer financièrement la dispersion du groupe qui se sent de plus en plus menacé. Les premières arrestations ont lieu le 26 octobre 1943.
Vincennes, le 12 novembre 1943 :
Vol dans un garage de bicyclettes pour faciliter la fuite après les coups.
L’action des FTP-MOI qui eut le plus de retentissement fut l’exécution, le 28 septembre 1943, rue Pétrarque, dans le XVIe arrondissement de Paris, du général SS Julius Ritter par l’équipe spéciale des FTP-MOI. Cet officier supérieur allemand supervisait en France le Service du Travail Obligatoire (STO), responsable de l’envoi de milliers de travailleurs outre-Rhin.
Vincennes, le 12 novembre 1943 :
Vol dans un garage de bicyclettes pour faciliter la fuite après les coups.
L’attentat contre le général SS Julius Ritter
L’action des FTP-MOI qui eut le plus de retentissement fut l’exécution, le 28 septembre 1943, rue Pétrarque, dans le XVIe arrondissement de Paris, du général SS Julius Ritter par l’équipe spéciale des FTP-MOI. Cet officier supérieur allemand supervisait en France le Service du Travail Obligatoire (STO), responsable de l’envoi de milliers de travailleurs outre-Rhin.
L’impact de cet attentat a été important dans l’opinion
Symboliquement tout d’abord, les FTP-MOI ont réussi à éliminer un chef honnis, responsable du départ des jeunes pour le travail forcé. Psychologiquement ensuite, les FTP-MOI démontrent à tous que les officiers allemands ne sont pas intouchables. Désormais, un sentiment d’insécurité règne chez l’occupant. Politiquement enfin, l’opinion, hostile au STO, cette conscription qui ponctionne les forces vives des familles, adhère à ce type d’agissement de la Résistance. « L’armée des ombres » devient ainsi protectrice de la population.
L’onde de choc provoqué par cet assassinat arriva jusqu’à Berlin. Himmler (chef des SS), ordonna à Oberg (chef de la police et des SS en France) de mettre, selon ses propres termes, « ces terroristes hors d’état de nuire ».
Rue Pétrarque – XVIe arrondissement de Paris, domicile du général SS Julius Ritter et lieu de l’attentat, le 28 septembre 1943.
C’est au moment ou le général SS Julius Ritter monte dans sa voiture pour partir au travail que Celestino Alfonso tire le premier, les balles amorties par les vitres de la voiture blesseront Ritter. Celui-ci tente de fuir du côté opposé, il se trouve alors en face de Marcel Rajman qui l’acheva de trois balles.
L’onde de choc provoqué par cet assassinat arriva jusqu’à Berlin. Himmler (chef des SS), ordonna à Oberg (chef de la police et des SS en France) de mettre, selon ses propres termes, « ces terroristes hors d’état de nuire ».
Rue Pétrarque – XVIe arrondissement de Paris, domicile du général SS Julius Ritter et lieu de l’attentat, le 28 septembre 1943.
C’est au moment ou le général SS Julius Ritter monte dans sa voiture pour partir au travail que Celestino Alfonso tire le premier, les balles amorties par les vitres de la voiture blesseront Ritter. Celui-ci tente de fuir du côté opposé, il se trouve alors en face de Marcel Rajman qui l’acheva de trois balles.
La Gestapo a longtemps été le symbole de la répression menée contre la Résistance.
Or, les forces allemandes ont travaillé de concert avec la police française. Ainsi, à partir de l’été 1942, la deuxième Brigade spéciale des renseignements généraux de la Préfecture de police de Paris organise de vastes filatures contre les résistants communistes étrangers.
Alors même qu’ils multipliaient les exécutions, « les grenadages » et les attaques de trains, plusieurs des chefs du groupe FTP-MOI étaient surveillés de longue date par ces inspecteurs zélés des RG. Ces policiers les « cueillirent » quand ils eurent la certitude de pouvoir les anéantir d’un seul coup.
Ces filatures aboutirent en 1943 à trois coups de filet dévastateurs. Le premier au mois de mars 1943, le second qui décapite le deuxième détachement des FTP-MOI en juin et, enfin, le coup de grâce est porté en novembre 1943 avec l’arrestation du noyau dur du réseau : les 23 du procès du « groupe Manouchian et de l’Affiche rouge » dont les membres expérimentés de l’Equipe spéciale ( Celestino Alfonso, Léo Kneler, Marcel Rajman) ainsi que les responsables des FTP-MOI : Joseph Bokzor, Missak Manouchian, Joseph Epstein.
L’arrestation de M. Manouchian et de J. Epstein à Evry-petit-Bourg :
Les bords de la Seine à Evry-petit-Bourg (Essonne), lieu de l'arrestation de Joseph Epstein et Missak Manouchian par la BS2.
Le 16 novembre 1943
« Mardi 16 novembre 1943, la Brigade Spéciale, après quatre mois de filature, décide de frapper en commençant par Epstein et Manouchian. Ce dernier est attendu devant son domicile clandestin par le commissaire Barrachin, chef de la Brigade Spéciale n° 2 des Renseignements Généraux. Manouchain est pris en filature. Il prend le train à la gare de Lyon et descend à Evry-Petit-Bourg. A la sortie de la gare, il aperçoit Epstein qui se met à marcher en direction de la Seine. Il le suit à une cinquantaine de mètres. Epstein, qui s’est déjà retourné à plusieurs reprises, convaincu d’être filé, descend vers la berge, très grasse et détrempée, et accélère le pas. Manouchian, qui s’est sans doute aussi aperçu de la filature, hésite puis continue son chemin. Poursuivi par deux inspecteurs et le commissaire Barrachin, échelonnés tous les quatre-vingts mètres environ, Epstein conserve son avance et arrive dans une allée au sol plus dur. Se retournant, il aperçoit trois policiers et se met à courir. L’inspecteur Chouffot tire à plusieurs reprises avant de le neutraliser. Rejoint par les trois policiers, il leur oppose une très forte résistance. Finalement, menotté dans le dos, il tente à nouveau de s’échapper mais sans succès. De son côté, Manouchian a été rattrapé par deux inspecteurs. Il tient dans la poche droite de son manteau un 6.35 avec une balle dans le canon mais décide de se rendre à la deuxième sommation. Il est 10 heures du matin. »
(D’après le rapport de police – Archives nationales, Z6 82/1260). FTP-MOI, guérilla urbaine
(D’après le rapport de police – Archives nationales, Z6 82/1260). FTP-MOI, guérilla urbaine
Paragraphe extrait de L’Affiche rouge, une victoire posthume, d’Adam Rayski, DMIH, 1999.
00:10 Publié dans A PROPOS DES FTP-MOI | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : FTP-MOI, guérilla urbaine, Manouchian, Epstein, Rajman, Affichhe rouge, Adam Rayski | Imprimer | Facebook |
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