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Après Nous, un livre de Patrick Fort

APRÈS NOUS


Celestino Alfonso,

guérillero dans la Résistance française


Patrick Fort


Icono.Alfonso.jpg

Exécution du groupe dit "Manouchian" au Mont Valérien, le 21 février 1944, document authentifié par Serge Klarsfeld. À 15 h 40, sur cette photo, on voit l'exécution de Celestino Alfonso, Joseph Boczov, Emeric Glasz et Marcel Rajman.

Source photo : Association des Amis de l'abbé Franz Stock

Crédit photo : ECPAD

 

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Le roman Après Nous de Patrick Fort est un roman à mi-chemin entre le témoignage authentique et la fiction romanesque.

 

Il nous plonge dans le tragique des trois derniers mois d’existence de Celestino Alfonso, d’origine espagnole et clandestin, « guerillero » au sein de la Résistance française. Arrêté en novembre 1943, Celestino sera en effet exécuté en février 1944 au Mont Valérien. 

 

Entre ces deux dates nous assistons à la description des interrogatoires musclés de la part des policiers français appartenant aux Brigades spéciales, qui travaillaient main dans la main avec la Gestapo, pour combattre « la racaille étrangère, juive et communiste » ! Or Celestino est à la fois Espagnol et communiste !

 

Mais au-delà de la torture physique, ce sont les tourments (qui émergent toujours au contact de nombreux souvenirs douloureux), les peurs, les angoisses, les doutes même, c'est-à-dire une torture psychologique, insidieuse et inévitable, qui va s’abattre sur notre héros.

 

Au fil des pages sont également évoqués les noms de quelques personnalités françaises, tristement célèbres, telles que : Brasillach, Darnand, Doriot, Marcel Déat entre autres … c'est-à-dire de ceux qui ont lamentablement manqué de courage pour défendre leur pays, contrairement à ces « fils de métèque », pour employer l’élégante expression utilisée par certains  pour désigner alors … les immigrés espagnols.

 

Toutefois le pessimisme de cette fin de vie tragique est magistralement compensé par le credo volontariste de Celestino : à savoir son amour pour la vie, cette vie que sans aucun regret, à seulement 27 ans, il n’hésite pas à sacrifier au nom d’un idéal de justice sociale et de liberté, faisant ainsi honte à tous les poltrons français de l’époque.

 

Encore deux mots sur ce roman tout en nuance : deux Allemands échappent chacun à sa façon à l’horreur et à la barbarie nazie, un prêtre de la prison de Fresnes et un sous-officier de la Feldgendarmerie, lequel grâce à des photos, essaie de sauver de l’oubli les condamnés à mort.

 

Le témoignage de ce dernier, et surtout bien sûr celui d’Alfonso, sont des preuves authentiques de courage dans la dignité et dans la fierté, sont une véritable leçon de vie et d’espoir, illustrée par cette magnifique métaphore de la fin du roman : « Le printemps reviendra, mais, avant que la nature ne se remette à vivre, la froidure réclame son dû et lutte pour ne pas en être dépossédée. » Quel magnifique espoir « en  l’avenir radieux de jours meilleurs », qui naîtront « après nous », selon Celestino Alfonso, lui-même symbole de tous ces destins anonymes, ô combien admirables et indispensables, auxquels le roman de Patrick Fort tient à rendre un vibrant hommage !

 

Maryse Carrier 


Présidente du jury, lors de la remise du Prix

“Les Arts littéraires”

de l'association Arts et Lettres de France, le 31 mars 2012.

 

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La dernière lettre de Celestino Alfonso


Le livre de Patrick Fort, Après Nous - Celestino Alfonso, guérillero dans la Résistance française, sera disponible dans un mois. Parution prévue le 16 juin 2012 à l'occasion du salon du livre de Grignols (33). Il sera ensuite disponible en librairie.


Vous pouvez d'ores et déjà le réserver en adressant un mail à : fort.patrick@orange.fr 

ou en écrivant à son éditeur : ed-lesolitaire@orange.fr

Les modalités pratiques vous seront alors communiquées.

 

Lien vers le site de Patrick Fort


http-::www.patdebigorre.org:article-mon-roman-sortira-au-cours-de-l-ete-2012-87906284.html

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dimanche, 13 mai 2012 | Lien permanent | Commentaires (2)

Tamas Elek

 

ON L’APPELAIT TOMMY

 

MERAPI PRODUCTIONS

Auteur : Philippe Fréling

Réalisateur : Philippe Fréling

Année : 2011

Durée : 71 minutes

TAMAS ELEK

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Thomas Elek naît à Budapest en Hongrie le 7 décembre 1924, dans une famille d'intellectuels communistes. Les Elek (sa mère Hélène alors enceinte de son frère Bela, son père Sandor (ou Alexandre) et sa sœur Marthe) émigrent en France en 1930. Ils s'installent à Paris, où sa mère, après divers petits métiers, devient restauratrice en 1934, prenant en gérance Le Fer à cheval, rue de la Montagne Sainte-Geneviève, qui sera un lieu de rendez-vous du groupe Manouchian.

Thomas quitte sa classe de seconde au lycée Louis-le-Grand en juin 1941 pour s'engager à 16 ans dans l'action clandestine. Il rejoint un groupe d'étudiants de la Sorbonne liés au Groupe du musée de l'Homme, confectionne et distribue des tracts, colle des « papillons » sur les murs.

En août 1942, sympathisant des Jeunesses communistes, il s'engage chez les Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI), et commence la lutte armée. Le 9 novembre 1942, sa première action d'éclat est un attentat qu'il commet, seul, avec un livre piégé (Le Capital - K. Marx), dans la librairie allemande Rive Gauche, boulevard Saint-Michel.

Le 29 mars 1943, en compagnie d'un jeune Tchèque de son âge, Pavel Simo, il attaque à la grenade un restaurant réservé aux officiers allemands à Asnières-sur-Seine. Pavel Simo est arrêté. Il sera fusillé le 22 mai au stand de tir de Balard.

Le 1er juin 1943, attaquant à l'improviste, il jette deux grenades dans un groupe de 70 Allemands devant le métro Jaurès. Son attitude courageuse lui vaut de monter en grade et il est nommé chef de groupe au sein du 4e Détachement des FTP-MOI de la région parisienne, détachement dit « des dérailleurs » commandé par Joseph Boczov.

Il participe à plusieurs déraillements, notamment la nuit du 28 juillet 1943, sur la ligne Paris-Château-Thierry. Ce déraillement aurait causé la mort de plusieurs centaines de soldats allemands.

Arrêté et torturé par la police française (les Brigades spéciales des Renseignements généraux) comme ses camarades de combat en novembre 1943, il est livré aux Allemands et incarcéré à la prison de Fresnes. Tous les membres du groupe sont condamnés à mort le 18 février 1944 à l'issue d'un simulacre de procès (la date du 18 février n'est pas certaine au regard des comptes rendus contradictoires et pour le moins "fantaisistes" que la presse inféodée à la collaboration à commenter dans ses colonnes), et (à l'exception d'Olga Bancic, guillotinée en mai dans une prison de Stuttgart) fusillés trois jours plus tard au fort du Mont Valérien.

Source : Wikipedia

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mardi, 24 avril 2012 | Lien permanent | Commentaires (1)

Joseph Epstein, la vie assassinée

JOSEPH EPSTEIN, LA VIE ASSASSINÉE

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Joseph Epstein, camp de Gurs, été 1939. DR


« Le 16 novembre 1943, Joseph Epstein avait rendez-vous avec Manouchian à Ivry. Il est possible qu’ils aient été suivis, ou que leur lieu de rendez-vous ait été connu. C’est là que tous deux furent arrêtés. Ils étaient armés, mais n’eurent pas le temps de se défendre. Ils étaient complètement encerclés. L’instruction fut menée avec sadisme. On revêtit Joseph d’un masque de cuir si serré qu’il fit de son visage une masse sanglante. Il fut torturé pendant trois mois. Béranger, qui lui rendit visite après le procès à la prison de Fresnes, eut du mal à le reconnaître.


« Mais Epstein s’était tu. Ses bourreaux ne purent pas même obtenir de lui son véritable nom. Les services de renseignements de la Résistance transmirent une lettre à Henri Giron. Elle contenait un autre message sur papier à cigarette. Epstein y demandait de lui fournir une scie pour les barreaux. Cette mission fut confiée à Marguerite Monino, une mission vraiment périlleuse pour une mère de deux enfants. Elle se procura une petite scie à métaux, et son voisin, cordonnier rue Saint-André-des-Arts, la camoufla dans une semelle. Mais quand on put la transmettre à Epstein, en prison, il était déjà trop tard…


« Les policiers hitlériens et leurs collaborateurs français triomphèrent après l’arrestation d’Epstein et de Manouchian, et de dizaines d’autres combattants, à Paris et dans la banlieue. Aucun d’eux, malgré des tortures longues et atroces appliquées avec un raffinement cruel, ne s’est laissé briser. Les tortionnaires ne purent même pas établir la véritable identité d’Epstein, ni son origine. Ils ne réussirent pas à obtenir des précisions qui auraient permis de monter un procès public à grand spectacle, servant la propagande nazie. Epstein ne figure pas sur la célèbre affiche rouge qui dénonçait la Résistance comme une armée du crime composée d’étrangers et d’apatrides…


« Le procès de l’Hôtel Continental [rue de Rivoli], avec toute la presse hitlérienne et les journalistes venus des pays occupés, avait pour but de montrer que la Résistance, en France, n’était qu’une bande criminelle composée d’étrangers et de Juifs. Les trois Français [Witchitz, Rouxel, Cloarec] qui se trouvaient au banc des accusés devaient apparaître comme de jeunes arriérés, malheureusement entraînés par les Juifs, responsables des souffrances de tant d’“honnêtes” Français… »


Extrait, Joseph Epstein, Colonel Gilles, de Zamosc en Pologne au Mont Valérien, 1911-1944

Moshé Zalcman

 

Joseph Epstein sera fusillé le 11 avril 1944 avec 21 de ses camarades : Jean Alezard, Emmanuel Bourneuf, Roger Brunel, Roland Cauchy, Florentin Clotrier, Maurice Corcuff, André Cordier, Maurice Dampierre, André Dreyer, Marcel Fouque, Robert Fouquet, Jean François, Christian Gavelle, René Guillaume, Paul Jourdheuil, André Leclerc, Marcel Maillard, Roger Martin, Gaston Michallet, Roger Richard, Camille Thibault.

(Liste établie par Jean-Pierre Ravery).

 

 

Joseph Epstein, bon pour la légende

Réalisation : Pascal Convert

Auteur : Pascal Convert

Image : Jean-Pierre Caussidery, Pascal Convert, Charlie Perez

Son : Pascal Convert, Pierre Schoeller

Montage : Fabien Beziat

Commentaire dit par Bruno Putzulu

Production : Sodaperaga, 2007.


On l’a oublié, et pourtant il fut de ceux qui comptèrent dans la Résistance. Joseph Epstein en était l’un des plus brillants cerveaux et meneurs, tacticien accompli de la guerre insurrectionnelle et "subversive". C’était aussi un homme, plein de vie et d’humour, mais dont le destin fut scellé par les dérives du 20e siècle – et pour cause : il avait le malheur d’être juif. Pascal Convert a entrepris de nous retracer la vie méconnue de ce résistant permanent, fusillé le 11 avril 1944, la biographie prenant la forme d’une lettre directement adressée au fils d’Epstein. Un film scientifiquement rigoureux et émotionnellement impliqué, une

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mardi, 24 avril 2012 | Lien permanent | Commentaires (52)

Le 21 février 1944 au Mont Valérien

Missak Manouchian

Josef Wolf Boczov

Celestino Alfonso

Marcel Rajman

Spartaco Fontanot

Jonas Geduldig

Tamas Elek

Emeric Glasz

Willy Szapiro

Moysze Fingercwaig

Wolf Wajsbrot

Olga Bancic*

 

AF 21-02-20112.jpg

 

Robert Witchitz

Roger Rouxel

Georges Cloarec

Stanislas Kubacki

Arpen Tavitian

Lejb Goldberg

Amedeo Usseglio

Cesare Luccarini

Rino Della Negra

Antonio Salvadori

Szlama Grzywacz

 

 Fusillés le 21 février 1944 au Mont Valérien

 

*Olga Bancic, après avoir été effroyablement torturée, fut décapitée le 10 mai 1944 (jour de son trente-deuxième anniversaire) dans la cour de la prison de Stuttgart en Allemagne. 

 

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vendredi, 31 janvier 2014 | Lien permanent | Commentaires (8)

La presse collabo et le procès des 23

AVERTISSEMENT


Nous reproduisons ci-dessous un article paru dans "Paris-Soir", édition du 21 février 1944, relatant le procès, la parodie de procès, des 23 combattants du groupe dit « Manouchian ». La pauvreté de la syntaxe est à l’image des décombres et ordures qui jalonnent cette faconde journalistique. Il fallait que ces héros de la Résistance soient perçus et appréhendés comme des criminels, tout fut donc mis en œuvre pour les salir et cet article de Paris-Soir, presse collabo, en est une des trop nombreuses illustrations. Mais même cette volonté de salir, même la pression et la terreur qui régnaient alors n’y firent rien : "Nul ne semblait vous voir Français de préférence/Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant /Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants/Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE/Et les mornes matins en étaient différents…"


PARIS-SOIR

Lundi 21 février 1944

LE MOUVEMENT OUVRIER IMMIGRÉ*

ÉTAIT DIRIGÉ PAR DES JUIFS

Qui prenaient leurs ordres de Moscou


Et son émanation, Missak Manouchian, que juge la cour martiale allemande en compagnie de 23 autres terroristes, pour la plupart étrangers, a sur la conscience 150 assassinats.


***


[Hôtel Continental, rue de Rivoli] 9 heures, une immense salle lambrissée d’or. Sur les chaises valeurs rouges sont assis 23 hommes et une femme, entravés deux par deux par les menottes face à deux grandes flammes de guerre allemandes, qui encadrent l’aigle du Reich et un portrait du Führer. À gauche, le procureur, à droite, les défenseurs, devant les accusés, l’interprète. Tous semblables dans leurs uniformes feldgrau. De part et d’autre les journalistes allemands, français et étrangers.


Tout autour de la salle, fantassins et feld-gendarmes, mitraillette plaquée sous l’avant-bras, sont fixés en un garde-à-vous rigide.


Le président — un lieutenant-colonel — et les deux autres juges font leur entrée.


La cour martiale auprès du commandant du Grand Paris va commencer le procès d’une bande de 24 terroristes commandés par Missak Manouchian, bande qui fut arrêtée en octobre et novembre derniers.


Après avoir prêté le serment d’usage, le président rappelle qu’il s’agit de juger de dangereux bandits coupables d’actes de francs-tireurs contre les forces armées allemandes et d’attentats contre des administrations des sujets français. Il procède ensuite à l’interrogatoire d’identité des 24 inculpés. Deux seulement — Cloarec, 20 ans, et Rouxel, 18 ans — sont d’authentiques Français, parmi les 22 autres, on relève 9 Polonais, 5 Italiens, 3 Hongrois, 2 Arméniens, 1 Espagnol, une Roumaine et deux apatrides. Dix de ces étrangers sont Juifs.


L’enquête a révélé qu’à partir de 1919, les communistes étrangers, réfugiés politiques,  se groupèrent en France au sein du mouvement ouvrier immigré (M.O.I.)* dirigé par des Juifs et qui prenait ses directives à Moscou. Cet organisme, devenu clandestin après la guerre, devint en 1941 un groupe terroriste parallèle aux francs-tireurs partisans et destiné à leur servir de modèle. Ce groupe, organisé militairement, était dirigé par l’accusé Manouchian.


Manouchian, l’homme aux 150 assassinats. — C’est par cet inculpé que commencent les interrogatoires. Ce « super-patriote » né en Turquie, en 1906, a fait la guerre de 1939…, comme affecté spécial ! Depuis juillet 1943, il est « responsable politique » d’un détachement de l’organisme clandestin. Il devint ensuite « responsable militaire » d’une unité comprenant plusieurs détachements et un groupe de « tueurs ». C’est lui qui transmet les ordres, administre les stocks d’explosifs et d’armes, fait exécuter les reconnaissances et dirige les 52 attentats dont le tribunal va s’occuper. Il est donc responsable de 150 morts et de 600 blessés graves.


Ce garçon basané, au regard fuyant, ne manque pas d’intelligence. Il reconnaît les faits avec un cynisme déconcertant. Le président lui demande les détails précis sur l’organisation intérieure. Il répond : « Un détachement était composé des dérailleurs et un groupe spécial se chargeait des meurtres difficiles… »


On examine ensuite un attentat particulièrement hardi, puisque perpétré dans la rue Lafayette, à midi. Il s’agissait de voler une valise contenant de l’argent à deux officiers sortant d’un restaurant. C’est un de ces détachements qui fut chargé de ce « travail ».


Le Polonais Witchitz et l’Italien Della Negra abattirent les hommes à coups de révolver et furent appréhendés…


Golda Bancic a porté des grenades à un complice pour les faire jeter sur un camion rempli d’Allemands et sur un Français dont les opinions politiques ne lui plaisaient pas. 


Elle parle d’une voix très douce. Ses mots ne sont que des murmures légers qui n’apportent rien de nouveau sur cette égérie du terrorisme.


Le comique de la troupe. — Enfin, comme dans tout procès criminel. Il y a un comique. C’est un Polonais grassouillet, au visage porcin, aux yeux éblouis de stupidité. Que vient-il faire parmi ces redoutables assassins, lui, assassin honoraire, si l’on peut dire ? Il a voulu attaquer des paysans de Seine-et-Oise, chez eux pour se faire du numéraire :


Moi, pas dangereux. Moi, simplement demander à eux quarante mille francs, eux dire à moi pas avoir quarante mille francs !


Il a l’air très malheureux ; quarante mille francs, pour lui, c’est le pactole, c’est quelque chose d’irrésistiblement beau. Mais les paysans jugent aussi que c’est assez précieux. Le pauvre Kabasky n’en revient pas.


La gendarmerie l’a cueilli facilement.


Un être de cette catégorie, avec cette veulerie et ses absurdes bafouillages, semble [être] quelqu’un d’à peu près convenable à côté des hommes qui l’entourent.


* (M.O.I.) il s’agit bien-sûr de la Main-d’Œuvre Immigrée et non du mouvement ouvrier immigré, on trouve aussi parfois Mouvement Ouvrier International pour la même abréviation, cela n’est pas anodin.


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mercredi, 15 février 2012 | Lien permanent | Commentaires (2)

La presse collabo et le procès des 23 (suite)

AVERTISSEMENT

 

Il s’agit d’un article paru dans "Aujourd’hui", journal collaborationniste, comme chacun l’aura bien compris. Il est évident que les comportements décrits, les propos rapportés dans cet article, ainsi que dans tous les autres organes de presse qui ont accepté la honte de la collaboration, relèvent de la pure invention, de la pire calomnie, une production de quelques journalistes miteux qui étaient sans doute payé plus de 2 200 francs. Comme décliné précédemment, le seul but était de salir la lutte héroïque de ces combattants. Nous appelons donc nos lecteurs à la plus grande vigilance quant à l’interprétation qui pourrait être faite de ces articles. Le négationnisme est une arme redoutable pour les ennemis de la liberté.


AUJOURD’HUI

(Journal collaborationniste)

Fondé en août 1940

Édition du 21 février 1944

 

L’Équipe des « dérailleurs » devant la Cour martiale allemande

 

***

 

Son chef Boczor est l’auteur  de 21 attentats* contre les voies ferrées.

 

Il s’appelle Joseph Boczor [parfois orthographié Boczov]. Il est né à Felsabanya (Hongrie) en 1905 [le 3 août]. Il se dit appartenant à la religion réformée. Voire… Son visage est celui d’un sémite cent pour cent. Une nuque maigre, un occiput développé, et ses cheveux de nihiliste qui, comme chez Rajman, sont rejetés en arrière « à l’artiste ». Autant de marques de fabrique…

 

Il a l’air très étonné qu’on lui reproche ses actes. Rien ne lui semble, en effet, plus naturel que de gêner la circulation des chemins de fer dans un pays qui est occupé par la Wehrmacht. Naturellement, il ne sait pas qui lui a remis, ainsi qu’à ses hommes, les « clefs anglaises » (quelle coïncidence !) et les crochets nécessaires au déboulonnage des rails. Il suffit d’avoir vu des cheminots travailleurs de la voie porter un rail pour comprendre qu’il ne s’agit pas d’une opération de tout repos. Mais Joseph Boczor a son système. Il n’en est pas peu fier car il a provoqué vingt et un déraillements.

 

La ligne Paris-Troyes semblait [être], durant l’automne dernier, son champ de manœuvre idéal. Avec Wasjbrot, Elek, Goldberg, Shapiro, Fingercweig, Usseglio et consorts, il opérait la nuit.

 

Le jeune Elek est bien curieux à observer. C’est un charmant Juif aux cheveux blonds frisotés, aux traits fins et réguliers, et mis avec une certaine élégance. Le président lui demande comment, lui, fils de bourgeois aisés, élevé dans un lycée a pu se mêler à des criminels de droit commun. Sa réponse est aussi décevante que sa présence ici.

 

—   Mes parents tenaient un restaurant. Les lois de 1940 ont fait fermer la maison. Je ne savais que faire. C’est alors qu’un de mes anciens professeurs m’a conseillé d’entrer dans le mouvement de résistance contre la Wehrmacht.

 

—   Et vous n’avez pas compris dans quel milieu vous étiez tombé ?

 

—   Si. J’ai dit que je ne voulais faire partie ni des attaques à la grenade, ni des attaques au révolver. Alors, on m’a « mis » aux déraillements.

 

—   Et vous n’avez pas pensé que vous pourriez provoquer la mort de ces Français que vous prétendez défendre contre l’envahisseur ?

 

—   Eh ! que voulez-vous ?... En temps de guerre… Il y a bien des bombardements !

 

Ainsi, ce jeune Juif, venu de Hongrie, refuse de tuer par armes à feu, mais il accepte, d’un cœur léger, de tuer par catastrophes de chemin de fer. Cela dit, on regrette que l’ancien professeur ne soit pas lié, par une solide paire de menottes, à son jeune élève…

 

***

 

Un sinistre travail de nuit.

 

Tous les dérailleurs parlent tranquillement de leur « travail de nuit », s’étendent complaisamment sur les possibilités techniques d’un bref démontage…

 

L’un d’eux, armé d’un pistolet, était chargé d’abattre les surveillants de vois ferrées… Ce pistolet fut la cause d’un malheur. Aux abords de Melun, des gendarmes fouillaient les gens, ils ont fouillé la troupe qui voulait renter à Paris par le train, en espérant sans doute que des confrères n’avaient pas imité son exemple sur le parcours qu’elle allait couvrir. La bande a été embarqué en un tournemain et la voici qui ne semble pas très fière de son équipée, sauf Boczor qui fait des discours sur les beautés de la liberté.

 

La quatrième séance est consacrée à l’interrogatoire de la juive roumaine Golda Bancic, du nommé Kubacki, au réquisitoire, aux plaidoiries et au jugement.

 

***

 

Grenades et révolvers.

 

Au cours de sa dernière séance, qui durera près de cinq heures, le tribunal examine dans leurs moindres détails les vingt et un attentas commis par un des plus fameux détachements…

 

Ce groupe, dont 7 des membres ont été appréhendés, étaient spécialisés dans le jet des grenades contre les autobus, restaurants, hôtels ou bureaux allemands et dans l’assassinat de militaires isolés et de collaborationnistes français.

 

Le tourneur italien Fontano, 22 ans, qui participa à 14 attentats, reconnaît avoir eu des attaches avec les Jeunesses communistes. Il touche pour son « travail » dans l’organisation terroriste, 2 200 francs par mois et des tickets d’alimentation volés. Comme la plupart de ses complices, il avait touché de ses chefs de faux papiers d’identité.

 

Le Polonais Witchitz, 22 ans, est devenu « tueur » pour ne pas partir travailler en Allemagne. Il lève la main sans hésitation chaque fois que le président demande pour un meurtre précis « qui a tiré ? ». Il la lèvera 16 fois…

 

Le jeune Parisien Rouxel n’a pas eu de faux papiers et a travaillé jusqu’à son arrestation. Il est l’un des rares accusés à paraître un peu abattu. Mais pas une seule fois le mot « patrie » ou le mot « France » ne vinrent à sa bouche : « Je me suis laissé entraîner » se contente t-il de murmurer.

 

Le maçon italien Salvadori, 23 ans, a eu peur d’être interné après la capitulation de Badoglio [maréchal italien]. Lui aussi, ce sont les faux papiers qui l’ont attiré… La roue tourne : il prend part à deux attentats.

 

Georges Cloarec était engagé dans la marine, démobilisé, il rencontre un homme qui lui procura également des faux papiers. En 1943, il est définitivement franc-tireur et sert de guetteur dans trois attentats.

 

Le cimentier italien Luccarini, 22 ans, a appartenu au Parti communiste clandestin dès 1940. Il est condamné à deux ans de prison par la cour d’assises de Douai pour distribution de tracts marxistes, s’évade, revient à Paris et rejoint lui aussi les rangs des francs-tireurs. Par six fois, il participe à des assassinats ou à des actes de sabotage.

 

Della Negra a 20 ans. Il aimait le football et voulait devenir professionnel… Pour ne pas abandonner son club, il ne veut pas partir travailler en Allemagne, « s’abiboche » avec des inconnus qui s’offrent po

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dimanche, 19 février 2012 | Lien permanent

Manouchian, une esquisse de portrait

MISSAK MANOUCHIAN

UNE ESQUISSE DE PORTRAIT


Un film documentaire

de Michel Ionascu


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Projection le 26 avril 2012, à 20 heures.


THÉÂTRE TRAVERSIÈRE


15, rue Traversière, 75012 Paris

(Métro Gare de Lyon)


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Bon de commande du DVD.pdf

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mardi, 24 avril 2012 | Lien permanent

De Decazeville au Val d'Aran, la 9e brigade FTP-MOI

LA 9e BRIGADE FTP-MOI 

 

De Decazeville au Val d'Aran


Jean Costumero


couverture+livre+guerillero.jpeg

 

« Montez de la mine, descendez  des collines, camarades !
Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades.
Ohé, les tueurs à la balle et au couteau, tuez vite !
Ohé, saboteur, attention à ton fardeau : dynamite.... »

Voilà les paroles du poète.


Vous trouverez dans ce livre historique, fort d'une chronologie très exacte, la vie et le parcours des guérilleros du bassin Decazevillois qui s'engagèrent dès le début 1942 dans des actions de Résistance, puis formèrent en mai 1944 officiellement la 9e Brigade FTP-MOI (4e Division).


Fort des détails concernant le contexte géopolitique, ainsi que les querelles d'appareil en interne, dans lequel ils ont dû évoluer, vous découvrirez  tous les détails, de manière nominative, visant les événements majeurs qui se sont produits dans le bassin houiller :


– Exécution du milicien d'Aubin Alfred Bachellerie en février 1944.

– Exécution du commissaire Georges Roche en mars 1944.

– Comment a été trahi Henri Garcia ?

– L'engagement de Paul Ramadier et de Pierre Delpech.

– L'annuaire nominatif des guérilleros.

– Les portraits, et de très nombreux documents photographiques d'époque.

– Les détails de prise en charge d'enfants juifs par les guérilleros qui les cachèrent dans le Tarn.


Après avoir participé à bien des événements majeurs concernant les combats de l'Aveyron, Decazeville, les Hermets, Villecomtal, ils furent les premiers à entrer dans un Rodez  vide, les Allemands étant partis la veille, en ayant pris « soin » de fusiller tous leurs prisonniers, dont un guérillero, à Sainte-Radegonde. Ces guérilleros continuèrent leur périple dans le Tarn, et participèrent aux combats de Carmaux puis Albi.


Ce n’est qu’à la fin août 1944 que « Los hijos de la libertad » quittèrent Rodez pour s'engager dans les événements malheureux du Val d'Aran le 20 octobre 1944, après un passage dans la haute vallée de l'Aude (Espéraza Montazels).


Vous trouverez dans ce livre le document exceptionnel jamais révélé : extraits de la biographie du colonel José Lopez-Tovar, qui commanda cette opération contre son gré.


Ce document, présenté ici, ne comporte aucun commentaire personnel, je laisse chacun de vous libre de penser, et d'analyser le courage sans faille qu’il a fallu à ces hommes de 18 à 35 ans, qui après avoir fui le franquisme  s'engagèrent contre le régime de Vichy et le nazisme, avant de se réengager contre l'ennemi juré « El Caudillo ».


Paco Ibanez et Jean Costumero.jpeg

Je suis né en 1960, à Decazeville de nationalité espagnole, étant ingénieur de formation, je suis ni poète ni écrivain, juste un humble chercheur en histoire, qui a bien voulu donner deux années de sa vie pour recomposer cette chronologie historique. De façon à faire en sorte que tous ces guérilleros ne tombent jamais dans l'oubli. Juan, Edouardo, Sébastian, Amadéo, Joachin, Hermogénio, Henrique…, et tant d'autres dont les prénoms sonnent comme un hymne.


(Ci-contre : Paco Ibanez et Jean Costumero).


Pour commander ce livre, se rendre sur le site de Jean Costumero

en cliquant sur le lien ci-dessous


http-//www.guerilleros-reconquista.com/

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lundi, 27 février 2012 | Lien permanent | Commentaires (1)

Les Brigades spéciales

LES BRIGADES SPÉCIALES

« FER DE LANCE » DE LA POLICE FRANÇAISE

On constate, à partir de 1942, un afflux aux BS (brigades spéciales) de volontaires issus du corps des gardiens de la paix, voire des éléments extérieurs recrutés sur concours. Les plus zélés se retrouvaient dans les quatrième et cinquième groupes de la BS 2(ceux de Bouton, membre du PPF de Doriot, et Barrachin). En fait, la plupart de ces inspecteurs vivent dans un climat xénophobe, antisémite et anticommuniste.

Pour de jeunes policiers pleins d’ambition, les BS les BS constituent une affectation recherchée et enviée pour ses avantages. Outre un réel prestige, un travail prenant, voire exaltant, généreusement récompensé par des gratifications, médailles et primes, la titularisation comme « inspecteur spécial », même en cas d’échec au concours, y est automatique au bout d’un an. L’avancement s’y fait au rythme le plus favorable et les remboursements de frais, très largement calculés, confèrent une aisance inespérée en cette période de pénurie et de marché noir.

LES BS FÉLICITÉS PAR PÉTAIN

Témoignage d’un policier

J’avais assurément une grande confiance dans le maréchal Pétain. […] Je l’avais rencontré au printemps 1944, lorsque le préfet de police Bussière nous fit savoir qu’étant allé à Vichy rendre visite au maréchal, celui-ci s’était montré vivement intéressé par l’activité des BS, auxquelles il envoyait ses félicitations chaleureuses. Il avait d’ailleurs, à cette occasion, signé le livre d’or de la Préfecture de police : « En témoignage d’admiration pour les brigades spéciales. » (Voir l’ouvrage de Jean-Marc Berlière et Laurent Chabrun, Les Policiers français sous l’Occupation).

FILATURES ET TORTURES :

DEUX SPÉCIALITÉS DES BS

La filature — le summum de la science policière — était maîtrisée d’une façon parfaite par les inspecteurs des brigades spéciales. Le plus important était l’art du « portrait parlé », mémoriser en quelques instants le portrait du « filé » jusqu’au plus petit dtail vestimentaire, par exemple la couleur des chaussures, voire des chaussettes…

« Les inspecteurs chargés d’une surveillance — expliquera l’inspecteur Lavoignat dans son mémoire et dans un texte intitulé Ma façon de travailler présentés pour sa défense à la Libération — marchaient à deux et devaient présenter, environ tous les deux jours, des rapports journaliers. Ils étaient tenus de téléphoner quotidiennement au chef de groupe chargé de l’affaire pour rendre compte de leur travail et recevoir les ordres qui pouvaient leur être transmis […]. Lorsque quelques personnes étaient connues, deux équipes étaient alors mises sur l’affaire. Il arrivait qu’il y ait trois équipes sur la même affaire. » L’objectif prioritaire était l’identification de la personne filée. Puis il importait de la « loger », c’est-à-dire de repérer sa planque.

Quand il s’agissait de surveiller un lieu fixe où le camouflage était difficile, ils utilisaient des camionnettes ou des camions bâchés. La filature elle-même s’effectuait par équipes dont les membres étaient échelonnés tous les 50 mètres, de part et d’autre du trottoir. Les policiers pouvaient être camouflés en ouvriers, en employés des PTT ou de la STCRP (la société des bus parisiens), ou bien en clochards. Des résistants ont même signalés qu’ils avaient été suivis par des individus portant l’étoile jaune […]. Une filature pouvait durer des mois et elle le devait si elle voulait être efficace.

Pour les résistants, la filature s’avérait être une redoutable arme psychologique au service de la police.

Ils se sentaient traqués mais il suffisait que la surveillance se relâchât pour qu’ils se mettent à douter de leurs impressions de la veille. Une psychose, une sorte de fièvre s’installaient dans les rangs, on voyait un policier dans chaque personne de la rue ou du métro, tandis que les vrais passaient inaperçus. Les états d’âme des résistants traqués alternaient entre deux pôles extrêmes : l’angoisse et le calme absolu. Cet état se trouvait renforcé par la volonté de ne pas abandonner le combat.

Une fois arrêté, le résistant était transféré dans les locaux des BS, au deuxième étage de la préfecture, salle 35.

Les méthodes d’interrogatoire des BS étaient particulièrement brutales, comme on l’a vu dans l’affaire des jeunes communistes juifs. Un policier résistant, Angelot, le confirme : « Au sein des brigades spéciales, il s’est passé des faits atroces : matraquages à l’aide des poings, des pieds, de nerfs de bœufs. On retrouvait les résistants menottes aux mains, jambes enchaînées, pouvant à peine se traîner, un vrai cauchemar. »

Extrait de L’Affiche rouge, Adam Rayski, 2003

Et aujourd'hui...

Brice Hortefeux crée les "brigades spéciales"

"un nom pas anodin", vraiment ?

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dimanche, 19 septembre 2010 | Lien permanent

Mise au point à propos du film l'Armée du crime

LETTRE OUVERTE À ROBERT GUÉDIGUIAN

PAR ÉLISE FRYDMAN 

Je m'appelle Elise Frydman, la fille de Mme Frydman que vous citez dans votre film, L'Armée du crime. Je suis également la cousine germaine de Marcel Rajman. Lui m'a connue quelques mois (je suis née en mai 1942) ; moi, malheureusement pas, j'étais un bébé. Cependant, j'ai vécu plusieurs années avec Simon Rayman lorsqu'il est rentré des camps et qu'il habitait chez mes parents. Ses copains rescapés venaient souvent chez nous, rue des Immeubles-Industriels : Jean Lemberger, Maurice Weimberg, André Terreau…

Simon parlait tout le temps de son frère, de ses parents. Ma mère parlait de ses frères et sœurs. J'ai vécu toute mon enfance avec leurs souvenirs. Je buvais leurs paroles. Ils ont toujours été présents en moi.

Simon n'était pas le petit falot qui suivait toujours son grand frère en suçant un bâton de réglisse. A 14 ans, il mesurait 1 m 75, il était déjà dans la Résistance. À 15 et 16 ans, il était responsable de groupes du XIe arrondissement et de plusieurs actions et attentats (documents à l'appui).

Bien que l'image que vous donnez de mon cousin Simon, qui a fait partie de ma vie jusqu'à sa mort en 2005 (image que vous avez transformée pour coller avec votre interprétation de l'histoire) soit pour le moins grotesque, ce n'est rien comparé à celle, scandaleuse, que vous inventez concernant mon cousin Marcel et son aventure amoureuse.

Je vous ai entendu sur France Culture, dans l'émission de Michel Ciment, citer vos sources d'information et de documentation avant la réalisation du film. Notamment Adam Rayski, Stéphane Courtois et Denis Pechanski. Il ne vous a donc pas échappé qu'il y a eu de nombreux témoignages se recoupant, concernant Lucienne Goldfarb. Simon a aussi écrit un témoignage sur ce qu'il a vécu en tant que résistant et déporté. Dans ce document, il dit que Marcel et lui se sont toujours méfiés de cette fille qui voulait intégrer leur réseau. Adam Rayski l'a souligné également à maintes reprises.

Je suis étonnée que vous n'ayez pas eu la curiosité de rencontrer des témoins encore vivants et faisant partie de la famille, dont Madeleine Peltin-Meyer, ma cousine, alors très proche de Simon et Marcel. Elle avait 12 ans en mars 1943 quand elle a vu sa mère, son père et sa tante arrêtés sur dénonciation de l'appartement de mes parents.

Jamais personne de ma famille ou de notre entourage, avant, pendant, ou après la guerre, n'a fait état d'une relation entre Marcel et Lucienne Goldfarb. Je m'interroge sur la source qui vous a amené à imaginer une telle relation. Lors de leur arrestation le 20 mars 1943, des témoins, dont Henri Krasucki, ont vu Lucienne Goldfarb se promener et plaisanter avec des policiers de la Brigade spéciale de Puteaux.

Vous vous êtes longuement entretenu avec Henry Karayan qui, comme vous le savez, a bien connu Marcel puisque celui-ci était son instructeur. D'ailleurs, Henry a certainement dû vous dire que Marcel n'était pas ce Lucky Luke exalté que vous avez bien voulu décrire (par le biais de Robinson Stévenin, excellent malgré tout) mais au contraire un jeune homme déterminé, réfléchi, prêt à tout pour vivre. Et non pas pour mourir.

Pourquoi n'avez-vous pas demandé à Henry Karayan s'il connaissait des membres de la famille Rayman ? Nos témoignages valent certainement autant que d'autres sources. J'ai été très surprise d'autre part que vous changiez le nom de Lucienne Goldfarb en Monique Stern alors que celui de ma mère, Madame Frydman, ne change pas, ni ceux des résistants.

Non, j'oubliais, Davidovitch, celui qui a dénoncé le réseau à la Gestapo en octobre 1943, devient Petra et l'inspecteur Piget… Pujol. Bizarre ! D'autant que vous ne citez pas la lettre de Manouchian jusqu'au bout alors qu'il dit ne pas pardonner « à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus » (une impasse qui a particulièrement choqué Henry Karayan).

Vous vous êtes beaucoup répandu dans la presse, à la radio, à la télévision en disant, entre autres choses, que votre film était un film historique. Il est vrai, cependant, que vous prenez vos précautions en annonçant, en conclusion, avoir commis quelques arrangements avec les faits réels, mais afin que ces résistants entrent dans la légende. Ces héros n'ont pas besoin de légende, monsieur Guédiguian, ils ont surtout besoin de vérité.

Élise Frydman

26 novembre 2009

Le Monde

 

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jeudi, 20 janvier 2011 | Lien permanent

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