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jeudi, 22 mars 2007

Roger Rouxel

medium_Roger_Rouxel.jpg ROGER ROUXEL À SA FIANCÉE

Prison de Fresnes (Seine), 21 février 1944

Chère petite Mathilde chérie,

 

Je t’écris une première et dernière lettre qui n’est pas très gaie : je t’annonce ma condamnation à mort et mon exécution pour cet après-midi, à quinze heures, avec plusieurs de mes camarades. Je te demande d’avoir beaucoup de courage ; je vais mourir en pensant à toi jusqu’à la dernière minute comme j’ai toujours pensé.
Je meurs courageusement et en patriote pour mon pays, j’ai fait mon devoir de soldat, je te demande d’oublier ce cauchemar et te souhaite d’être heureuse, car tu le mérites ; choisis un homme bon, honnête et qui saura te rendre heureuse. Conserve ma mémoire le temps que tu voudras, mais il faut te dire une chose, personne ne vit avec les morts.


J’avais fait pour toi et moi de beaux projets, mais le sort en a décidé autrement. Je te jure que je n’ai jamais eu un moment de défaillance. Je meurs en soldat de la Libération et en Français patriote.


Tu demanderas si tu le désires à mes parents chéris, que je vais quitter avec un grand regret, un souvenir de moi qui ne devra jamais te quitter.


Tu diras aussi à tous mes camarades que tu connais que je les quitte en pensant à eux, qu’ils pensent un peu à leur camarade qui est mort pour sa patrie.


Chère Mathilde, j’aurais bien voulu ainsi que mes parents vous serrer une dernière fois dans mes bras, mais le temps me manque. Je pense tendrement à tes parents, à toute ta famille que je regardais déjà presque comme la mienne ; mon dernier souvenir va aussi vers tous les voisins et amis que je quitte en embrassant de tout cœur.


J’espère que le souvenir de mes camarades et le mien ne sera pas oublié car il doit être mémorable, petite Mathilde. Je te demande d’être heureuse, c’est ma dernière volonté.


Ma lettre n’est pas très bien écrite, mais ce n’est pas de ma faute, conserve-la parmi les objets qui te sont les plus précieux.
Je termine en t’embrassant de tout mon cœur et ton souvenir m’accompagne jusqu’au bout.
Ton petit ami qui te quitte pour toujours.

 

Roger Rouxel

VIVE LA FRANCE

 

Commentaires

Je vous vante pour votre paragraphe. c'est un vrai travail d'écriture. Poursuivez .

Écrit par : cliquez ici | lundi, 11 août 2014

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