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Joseph Boczov

1709741387.jpgJOSEPH BOCZOV
(JOSEPH FERENZ WOLF)

Joseph Boczov de son vrai nom Ferenz Wolf est né en 1906 à Baja-Sprié, il était juif originaire de Transylvanie.

Lycéen, il se joignit au mouvement révolutionnaire. Après ses études secondaires, membre des jeunesses communistes, il partit à Prague ou il suivit ses études à l'Institut Polytechnique (il continue de militer avec d'autres étudiants).

Des 1936, il décide de partir en Espagne pour combattre en soldat antifasciste, il traverse clandestinement toutes les frontières. Arrêté en Autriche, il est emprisonné pour passage illégal de la frontière. Mais aucun obstacle ne peut l'arrêter, il arrive finalement au but. Pendant toute la guerre d'Espagne, il acquiert son expérience de combattant dans les rangs de l'armée.

Enfermé dans un camp d'internement, après la défaite de l'armée républicaine, il s'évade du camp d'Argeles en avril 1941, à la tête d'un groupe de volontaires roumains.

Arrivé à Paris, il s'engage avec les autres évadés, dans l'O.S (Organisation Spéciale), un certain nombre d'immigrés combattent déjà dans les rangs de cette organisation. Avec l'afflux des évadés, le Parti organise une formation M.O.I (Main-d'œuvre Ouvrier Immigré) au sein de l'O.S avec comme responsable Conrado Miret-Must, celui-ci est arrêté fin 1941, c'est Boczov qui est alors nommé à sa place.

En Mai-Juin 1942, Pseudo " Pierre ", entre dans les F.T.P-M.O.I et devient chef du quatrième détachement (détachement des dérailleurs), il avait pour matricule 10003. Boczov était un excellent technicien du matériel, c'est grâce à lui et au commandant Patrick que les partisans doivent cette fameuse mèche blanche qui brûle sans flamme et d'une manière régulière (en effet, à l'époque ou la mèche Bickford était introuvable et incommode, ils eurent l'idée d'utiliser les lacets en coton des chaussures de football, ils les trempaient dans du salpêtre du Chili et les transformaient en de véritable mèche de guerre).

C'est aussi grâce à lui, qu'est due la transformation de la mine anti-char en mine anti-train. Il a également perfectionné le déclenchement électrique dans les explosions de dynamite contre la voie ferrée alors que les autres groupes F.T.P français produisaient l'explosion en assurant le contacte électrique à la main et devaient s'abriter à cent mètres de la voie ferrée, Boczov avait réussi un déclenchement automatique, de même, c'est lui qui a inventé la fameuse charge en cisaille des paquets de dynamite sur la voie ferrée…

Dans la nuit du 3 au 4 août 1943, un groupe a fait sauter un train militaire sur la ligne Paris-Reims causant de nombreuses victimes.

Dans la nuit du 17 au 18 août, un autre groupe fit dérailler un train de permissionnaires sur la ligne de Longueville, dont la locomotive et plusieurs wagons se renversèrent sur la voie, causant un désastre. Au cours d'une troisième opération analogue, dans la nuit du 26 au 27 août, l'explosion détruit la locomotive et 14 wagons chargés du matériel militaire. Toutes ces opérations étaient dirigées par l'ancien milicien juif d'Espagne Boczov… Leur bilan se soldait par des centaines d'Allemands tués ou blessés et par de lourds dégâts matériels.…

Dans le communiqué du mois de septembre, l'état-major M.O.I. enregistrait de nouveaux progrès dans l'action des combattants sans uniforme. Au cours de ce mois, les partisans détruisirent plus de 75 wagons des trains militaires avec leurs locomotives, transportant soit des troupes, soit du matériel militaire, sans compter la recrudescence des attaques " courantes" contre des formations militaires allemandes dans les rues de la capitale.

Qui étaient-ils, ces hommes débordant de courage et de volonté de lutte ?

Leur chef, Boczov, âgé de 37 ans, enseignait à chacun de ses hommes l'art du maniement de différentes armes, par exemple du lancement de grenades à main explosant au bout de 6 secondes…

Il se déplaçait chaque fois, avec un groupe nouvellement constitué, chargé d'un acte de sabotage sur une ligne de chemin de fer, à l'endroit désigné, pour étudier avec ses hommes sur place le meilleur moyen de s'acquitter de leur tâche…

Il est arrêté en novembre 1943, condamné à mort lors du procès du 19 février 1944 et fusillé au Mont-Valérien le 21 février 1944.

Extrait de l'ouvrage Un franc-tireur juif raconte par Abraham Lissner. Édition Paris, 1969.

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samedi, 22 mars 2008 | Lien permanent | Commentaires (4)

Si j'ai le droit de dire...

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Si j’ai le droit de dire, en français, aujourd’hui,
Ma peine est mon espoir, ma colère et ma joie
Si rien ne s’est voilé, définitivement,
De notre rêve immense et de notre sagesse

Avant la tombée de la nuit, tu as parcouru le monde,
Tu nous apportes l’écho de tous les horizons de la vie
De toutes ses mains usées par le travail, des luttes et des victoires
Ton appel semblable à la lumière sans entrave des rayons de l’aube

Transi et fouetté par la tempête, tu es le feu qui nous réchauffe
Dans l’obscurité maudite, de notre serment tu es la flamme ardente
Flambée éternelle que les esprits en furie
Vocifèrent de leur haine impudente pour t’éteindre à jamais

Il semble parfois que tu vas t’éteindre, cependant chaque jour
Des volontés d’acier t’attisent, te tiennent debout
Et toi haletant, comme un apôtre aux jours de combat
Tu montres le chemin de la lumière
pour la grande victoire de l’Humanité.

Missak Manouchian, 1934

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lundi, 25 février 2008 | Lien permanent | Commentaires (1)

Un grand soleil d'hiver éclaire la colline

 
 
 Le 21 février 1944, 22 camarades FTP-MOI
furent fusillés au Mont-Valérien.
Olga Bancic, qui fut jugée en même temps qu'eux
par la cour martiale allemande,
fut décapitée le 10 mai 1944 à la prison de Stuttgart.
 
ILS ETAIENT DES NÔTRES !
 
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mercredi, 20 février 2008 | Lien permanent | Commentaires (2)

Marcel Rajman, la génération de la colère

Rajman.jpgMARCEL RAJMAN

LA GÉNÉRATION DE LA COLÈRE

Marcel Rajman est né le 1er mai 1923, à Varsovie que son père, artisan-tricoteur, quitte en 1931 pour la France avec sa famille qui s'est enrichie d'un fils, Simon.

Dans le modeste logement, rue des Immeubles-Industriels, l'une des deux pièces est réservée à l'atelier. Cette proximité fait que Marcel n'a nul besoin d'apprendre le métier : livreur d'abord, il se met, dès l'âge de quinze ans, à la machine. Il reste pourtant un enfant de la rue, dans le meilleur sens du terme. Ce quartier, s'étendant de la Nation à la Bastille et à la place Voltaire (actuelle place Léon Blum), est peuplé d'ouvriers et d'artisans juifs qui, en dépit de tracasseries administratives allant jusqu'au refus de séjour, gardent leur confiance à la France de "Liberté-Égalité-Fraternité" et ne pensent qu'à faire de leurs enfants de bons Français. Et c'est sur la révolution socialiste, bien plus que sur une hypothétique venue du Messie, qu'ils fondent leurs espoirs de délivrance.

La rue, ce sont les copains et les copines, juifs et non-juifs, avec lesquels on s'amuse, on va à la piscine, on fait du camping, on cueille le muguet dans la forêt de Sénart et, ce n'est pas la dernière des choses, on distribue des tracts qui de la jeunesse socialiste, qui de la jeunesse communiste.

Voilà le climat dans lequel baignent Marcel et tant d'autres garçons et filles qui entrent dans la résistance en réaction aux persécutions antisémites, surtout à la déportation de leurs parents.

Avec eux, c'est "la génération de la colère" qui prend les armes. Marcel Rajman a 18 ans lorsqu'il assiste, impuissant, à une chasse à l'homme autour de la Nation, le 21 août 1941 : la capture de son père, qu'il ne reverra jamais. Profondément choqué, il demande son affectation au Deuxième Détachement juif de la MOI. Après le démantèlement de cette formation, en juillet 1943, Marcel Rajman est muté dans l'équipe spéciale dont il deviendra l'animateur. Son rôle déterminant dans l'attentat contre le haut dignitaire nazi, Julius von Ritter, lui vaudra des journées de tortures les plus bestiales, selon les témoignages des résitants revenus de déportation.

À elle seule, la famille Rajman incarne d'une façon on ne peut plus globale, la tragédie juive de ce temps meurtrier ; le père, raflé et déporté, ne reviendra pas ; la mère, arrêtée en même temps que ces deux enfants, sera déportée et ne reviendra pas non plus ; Marcel tombera à l'âge de 20 ans sous les balles du peloton d'exécution ; Simon, déporté, survivra au camp de Buchenwald.

L'ATTENTAT CONTRE JULIUS VON RITTER

UNE GIFLE POUR BERLIN

COMMUNIQUÉ DES FTP-MOI

"Le 28 septembre 1943, à 9 heures du matin, dans la rue Pétrarque à Paris, trois partisans armés de pistolets ont abattu dans sa voiture le Dr Ritter, représentant en France de Fritz Sauckel, commissaire à la main-d'œuvre, chargé de la déportation en Allemagne des travailleurs des pays occupés." L'opération s'est déroulée sous l'autorité de Manouchian. Alfonso tire le premier ; les balles sont amorties par les vitres de la voiture mais l'homme est gravement blessé ; il tente de sortir du véhicule par la porte opposée et se trouve nez à nez avec Marcel Rajman qui l'achève de trois balles.

Source : Adam Rayski

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samedi, 14 novembre 2009 | Lien permanent | Commentaires (1)

Les étrangers dans la Résistance



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dimanche, 08 novembre 2009 | Lien permanent

Himmler informe Hitler sur la Résistance en France

HIMMLER INFORME HITLER

SUR LA RÉSISTANCE EN FRANCE

 

Der Reichsführer-SS Feld-Kommandostelle, 3.11.42

Betr.: Heldungen an den führer

Über Bandenbekäapfung

Heldung Nr. 35

 

Traduction française

Arrestation d'un groupe de l'organisation "Francs-Tireurs et Partisans" : à la suite de l'arrestation de 18 communistes actifs, la capture d'un groupe de l'organisation des "Francs-Tireurs" de 24 hommes et femmes a été possible au sein des cheminots d'Ivry-sur-Seine. Ce groupe, qui était en train de se constituer, a néanmoins participé à quatre agressions. À partir des aveux de trois terroristes, on a pu procéder à l'arrestation de trente-deux terroristes.

En outre, il y a eu 31 attaques dont :

– le 08.09.1942, à la bombe, au cinéma "Garenne Palace" (1 mort, 5 blessés)

– le 10.09.1942, attaque à la grenade contre un train de l'état-major (1 mort, 5 blessés)

– le 05.10.1942, attaque à la bombe à la gare de l'Est

– le 09.10.1942, attaque à la bombe, au cinéma "Maillot Palace" (2 blessés)

– le 13.10.1942, attaque à la bombe à la gare Montparnasse (2 morts, 30 blessés). Une grande quantité d'explosifs et d'instruments de sabotage (illisible) a été saisie.

De plus, 24 autres terroristes ont été arrêtés (25 hommes dont 1 Juif et 4 femmes) qui qui ont à leur compte 36 attentats*.

Signé. H. Himmler

La stratégie allemande, énoncée dès le début de la lutte armée par l'ambassadeur du Reich en France, Otto Abetz, est de dénoncer la Résistance à l'occupant comme l'œuvre des  étrangers. Cette idée deviendra le leitmotiv de la propagande nazie et de Vichy. Elle contient déjà en germe l'esprit de l'Affiche rouge. Otto Abetz rapporta, en décembre 1941, par telex à Berlin :

"Les attentats visent à donner l'impression à la population française et au monde que le peuple français se dresse contre les autorités allemandes d'occupation et contre l'idée d'une collaboration avec l'Allemagne [...]. Même lorsqu'il est prouvé clairement que les auteurs sont des Français, il est bon de ne pas mettre cette constatation en relief, mais de tenir compte de nos intérêts politiques et de prétendre qu'il s'agit exclusivement de Juifs et des agents à la solde des services de renseignements ango-saxons et russes."

* Source : Bundesarchive Potsdam. Document communiqué par l'historienne allemande Ingrid Strobl.

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samedi, 14 novembre 2009 | Lien permanent | Commentaires (1)

Propagande nazie et du gouvernement de Vichy

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dimanche, 15 novembre 2009 | Lien permanent | Commentaires (2)

Missak par Didier Daeninckx




Ce livre n'a pas pour prétention de faire autorité historique, loin s'en faut. Un personnage central, Missak Manouchian, un journaliste du journal L'Humanité chargé de mener une enquête sur ce résistant qui inspira Louis Aragon, enfin une inquiétude croissante sur ce qu'il était. Qui était Manouchian ? C'est la question que se pose le Parti communiste au moment où ce visage de terre arménienne sort de l'ombre et se voit honoré par ceux qui l'ont occulté pendant tant d'années. Oui monsieur Aragon, onze ans que cela passe vite onze ans. La Résistance devait être française et le parti communiste n'était pas pressé de révéler l'abnégation de ceux de l'Affiche rouge (Arméniens, Juifs Polonais, Italiens, Espagnols, Hongrois, Tchèques, etc.), ceux-là mêmes morts pour la France, comme il est convenu de dire ; mais ceux là aussi qui, internationalistes, parlaient d'une autre guerre, la guerre de classes qui doit s'inscrire dans le processus d'émancipation, la révolution socialiste. Et puis, celui beaucoup moins connu, Arben Abramovitch Dav'Tian, dont le nom, sans doute trop difficile, s'éclipsera derrière Armenak Manoukian ou Arpen Lavitiant, trois noms pour un seul homme. Un seul homme et Manouchian le sait, un homme qui a dû fuir le régime de Staline, un homme qui a cotoyé l'Opposition de gauche, un homme pour lequel le nom de Trotsky rime avec internationalisme et révolution prolétarienne. Tout cela Manouchian ne l'ignore pas.

Manouchian l'homme de la liberté libre regarde la colline des suppliciés en demandant à Armène de ne pas oublier celui qui tombe le 21 février 1944 à ses côtés, un de ses camarades aussi grand et précieux que les autres, Arpen Tavitiant, Armenak Manoukian, Arben Abramovitch Dav'Tian, un homme, un seul homme.

Un livre à lire, où il n'y a pas d'étrangers mais seulement des hommes pris dans l'étau d'une histoire, d'une époque devrions-nous dire, qu'ils ne maîtrisent pas.

Patrice Corbin

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dimanche, 15 novembre 2009 | Lien permanent | Commentaires (2)

1, rue des Immeubles-Industriels, Paris XIe

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jeudi, 29 octobre 2009 | Lien permanent | Commentaires (8)

Henri Karayan nous a quittés

HENRI KARAYAN

1921-2011

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« Je n’ai jamais tué d’Allemands, je n’ai tué que des nazis »

Henri Karayan

podcast

Henri Karayan nous a quittés le 2 novembre 2011. L’hommage que nous lui rendons ici contribue à faire vivre la trace mémorielle. Le site « Affiche rouge » a pour vocation d’informer et de maintenir une mémoire vivante de celles et ceux qui se sont battus, juifs, communistes, étrangers contre le nazisme. C’est sous le seul terme de terroristes organisés dans l’armée du crime que l’Affiche rouge, de sinistre mémoire, qualifiait ces femmes et ces hommes unis dans un combat « à la vie, à la mort ». Une lutte inscrite dans notre histoire comme une profonde blessure, un combat qui pour certains avait commencé dans les Brigades internationales en Espagne (Joseph Epstein [colonel Gilles], Wolf Boczov [responsable du 4e détachement des FTP-MOI] et toute une jeunesse qui, avec Missak Manouchian, Marcel Rajman, Tamas Elek, Olga Bancic…, et tant d’autres, allait au cours de l’année 1943 porter des coups décisifs contre les nazis et autres collaborationnistes vichystes. Henri Karayan faisait partie de cette belle jeunesse portant les mots liberté, émancipation au plus haut des valeurs humaines, cette liberté que tous revendiquaient au nom de l’internationalisme, de la fraternité entre les peuples pour l’autodétermination. Cette liberté, qui pour beaucoup d’entre eux, était immanente à l’idée du communisme, une haute idée de l’humanité ruinée par le désastre du stalinisme, certains parleront de dégénérescence, mais une idée toujours vivante qui ne se laisse pas enfermer dans le carcan bureaucratique, pas plus qu’elle ne saurait se réduire à une simple assimilation au Goulag, à l’expérience tragique de la Kolyma. Ce que tout mouvement d’émancipation porte en lui, c’est l’idée du communisme. Si nous nous permettons cette digression, c’est que nos conversations avec Henri Karayan, souvent téléphoniques, s’achevaient toujours sur cette détermination, le communisme est la plus haute idée que les peuples peuvent porter au sommet de leurs luttes pour la liberté. Henri Karayan savait faire la différence, parlant de ses camarades et de lui-même, il disait : « Nous n’étions pas staliniens, nous étions communistes internationalistes. »

Rendre hommage à Henri Karayan, c’est aussi se remémorer le souvenir de ses camarades, retracer ce parcours dans le siècle, sans prétendre à l’exhaustif qu’exclue la forme d’un article, pas plus qu’il n’est question d’argumenter autour d’un matériel biographique. Henri Karayan est né en 1921, à Istanbul (Turquie). Comme beaucoup d’Arméniens contraints à l’exode suite aux persécutions subies par les siens, la famille Karayan est recueillie par le croiseur Edgar Quinet qui les amènera jusqu’à Toulon. C’est à l’année 1937 que remonte sa première rencontre avec Missak Manouchian. En 1938, Manouchian fait une halte à Décines (région de Lyon) où habite la famille Karayan, il avait entrepris une tournée des communautés arméniennes dans toute la France avec pour ambition de structurer, fédérer celles-ci en une Union populaire franco-arménienne, Henri n’est alors âgé que de dix-sept ans. Laissons-lui la parole pour évoquer cette rencontre : « Lors de notre première rencontre, il [Manouchian] me parla d’Aragon et d’Éluard, qu’il connaissait. Il se tenait informé de la vie des gens de Décines. Je lui avais parlé des ouvriers de chez Gillet (Textile – NDLR), tous pris dans un même cercle vicieux : à la merci de leurs patrons, que ce soit pour le logement ou les salaires. Ils tenaient rarement plus de cinq ans. S’épuisant sur des bains d’acide utilisés pour la fabrication de la soie artificielle, ils finissaient vitriolés de l’intérieur… Et pourtant, ils restaient. Heureux quand ils étaient Arméniens, s’ils n’étaient pas expulsés pour avoir envoyé un colis en Arménie. Le pire, c’est que l’homme qui les mouchardait était un Arménien. Peu avant la victoire du Front populaire, les salariés avaient fait grève, quatre mois durant… Voilà de quoi nous avions parlé, lors de cette première rencontre. » (L’Humanité, 21 février 2004).

En 1940, alors qu’il est souffrant et très affaibli, Henri Karayan est arrêté et incarcéré à la prison Saint-Paul de Lyon avec pour seul chef d’inculpation « individu douteux » (comprendre étranger). Il est ensuite transféré au camp de Loriol dans la Drôme, puis dans celui du Vernet. En 1941, il est livré aux Allemands et contraint d’aller travailler de l’autre côté du Rhin. C’est en ces circonstances qu’il fait la connaissance de Léo Kneler, jeune communiste juif allemand, évadé des prisons nazies dans les années 1930 et chargé d’organiser les réseaux de résistance en Allemagne. En 1942, Henri Karayan et Léo Kneler se retrouvent à Paris, rapidement il présente Kneler à Manouchian.

Comme bon nombre d’autres jeunes résistants, c’est en distribuant à la volée des tracts, en collant des papillons d’insoumission à l’occupant sur les murs de Paris, que Karayan et ses camarades font acte de résistance. Très vite, le constat d’insuffisance de cette pratique les amène à passer à la lutte armée. L’année 1943 est décisive, Manouchian incorpore Karayan sous le pseudonyme de Louis, matricule 10308 à une équipe de jeunes qui sont sous son commandement : Marcel Rajman, Tamas Elek… D’avril à novembre 1943, les actions les plus spectaculaires vont contraindre l’occupant à redoubler de méfiance et provoquer une véritable psychose dans les rangs de l’armée allemande. Une armée certes, mais qui doit affronter au quotidien une guérilla urbaine dont les actions sont imprévisibles et c’est bien là la force de cette stratégie élaborée par Joseph Epstein (le colonel Gilles, responsable militaire des FTPF de la région parisienne). Face à cette situation, l’État français vichyste, largement épaulé par le zèle collaborationniste de la police française, de ses services de renseignements anti-communistes dont la méticulosité rendra honteusement célèbres les brigades spéciales, leur organisation et leur détermination à anéantir la résistance en arrêtant, torturant et exécutant les combattants FTP et FTP-MOI, fera preuve de la plus grande efficacité.

En 1944, après l’exécution de Manouchian et de ses 22 compagnons, (Olga Bancic sera décapitée à Stuttgart en Allemagne), Henri Karayan rejoint la résistance dans le Loiret. Il deviendra officier interprète.

Après la guerre, il se marie et exercera le métier de journaliste, puis de commerçant.

Patrice Corbin

Le 31 décembre 2011

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samedi, 31 décembre 2011 | Lien permanent | Commentaires (2)

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