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Le décret Nacht und Nebel

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 Dans L'Or du Rhin, scène III, de Richard Wagner, Alberiche de son abîme souterrain, prononce la formule qui rend invisible :  « Seid Nacht und Nebel gleich! » « Soyez semblable à la nuit et au brouillard, disparaissez ! »

Le 7 décembre 1941, Hitler, en personne, donna l'ordre d'appliquer le décret « Nacht und Nebel », réservé aux malheureux habitants des territoires conquis de l'Ouest. L'objectif de la procédure « NN » est d'imposer la terreur à l'opinion publique. Ils sont partis dans la nuit et le brouillard, jamais vous ne les reverrez, jamais vous n'aurez de leurs nouvelles !

Directives

La base de ce texte était la suivante :

Pour la poursuite des actes délictueux commis contre le Reich ou la puissance occupante dans les territoires occupés.

Du 7 décembre 1941.

Avec le début de la campagne de Russie, des éléments communistes et d'autres milieux germanophobes ont intensifié leurs attaques contre le Reich et contre la puissance occupante. L'étendue et le caractère dangereux de ces menées imposent pour des raisons d'intimidation, les mesures les plus rigoureuses à l'égard de leurs auteurs. Il y a tout d'abord lieu de se conformer aux directives suivantes : 

I 

Dans les territoires occupés, la peine de mort est par principe de circonstance pour tous les actes délictueux commis par des civils non allemands, dirigés contre le Reich ou contre la puissance occupante et qui constituent une menace pour leur sécurité ou leur force combative.

II 

Les actes délictueux désignés dans l'article I ne sont en principe à condamner dans les territoires occupés que s'il apparaît probable que des condamnations à mort seront prononcées contre leurs auteurs ou du moins leurs auteurs principaux et que si les poursuites et l'exécution des condamnations à mort peuvent être menées avec le minimum de diligence. Dans les autres cas, les coupables, du moins les coupables principaux, seront transférés en Allemagne.

III

Les coupables transférés en Allemagne n'y seront soumis aux procédures de guerre que si les considérations d'intérêt militaire l'exigent. Il y aura lieu de répondre aux demandes de renseignements, émanant de services allemands ou étrangers et concernant de tels coupables, qu'ils ont été appréhendés et que l'état de la procédure ne permet pas de donner de plus amples informations.

 IV

Les commandants des territoires occupés et les magistrats sont personnellement responsables, dans le cadre de leur compétence respective, de l'exécution de ce décret.

V

Le chef du haut-commandement des forces armées déterminera les territoires occupés dans lesquels ce décret sera appliqué. Il a pouvoir pour donner des éclaircissements, pour arrêter des règlements d'application et des dispositions complémentaires. Le ministre de la Justice du Reich arrêtera les dispositions d'application dans le domaine de ses attributions.

Par ordre,

le Chef du Haut-Commandement des Forces Armées

Keitel

 

Le général crut bon d'ajouter le commentaire suivant :

C'est la volonté longuement réfléchie du Führer que, lors d'attaques effectuées dans les pays occupés contre le Reich ou contre la puissance occupante, il soit procédé contre les coupables avec d'autres moyens que jusqu'à présent. Le Führer est d'avis que les peines de privation de liberté et même les peines de réclusions à vie sont, pour de tels actes, regardées comme des signes de faiblesse. Un effet de frayeur efficace et durable ne peut être atteint que par la peine de mort ou par des mesures propres à maintenir les proches et la population dans l'incertitude sur le sort des coupables. Le transport en Allemagne permet d'atteindre ce but.

Les directives ci-jointes relatives aux poursuites à engager contre les délits sont conformes à cette conception du Führer. Elles ont été contrôlées et approuvées par lui.

Keitel

 

Les directives d'application suivront très rapidement :

Secret
Première ordonnance.

 Pour l'exécution des directives du Führer et commandant suprême des forces armées relatives aux poursuites à engager contre les actes délictueux, etc.

Article I : Les crimes qui exigent en principe la peine de mort sont :
                 les attentats contre les personnes physiques et leur vie,
                 l'espionnage,
                 le sabotage,
                 les menées communistes (Kommunistischen Umtrieben),
                 les actes délictueux propres à créer des troubles,

l'aide à l'ennemi (Feindbegunstigung) sous forme de passage frauduleux, de personnes, de tentatives d'enrôlement dans les forces ennemies, d'aide apportée à des membres des armées ennemies (parachutistes, etc.),

la possession interdite d'armes (Waffenbesitz).

Article II : C'est la reprise de l'article II des Directives. Sur le « maximum de diligence » pour la condamnation et l'exécution, une précision est donnée: « en principe dans la semaine qui suit l'arrestation du coupable ».

Pas de condamnation à mort de femmes (en pays occupé), sauf si elle sanctionne l'assassinat ou l'appartenance à une organisation armée.

Article III : La question de décider si un coupable doit être jugé en France ou envoyé en Allemagne est de la compétence du Gerichtsherr en accord avec les services de l'Abwehr. La décision définitive revient au Befehlshaber. Le transport éventuel sera confié à la Geheime Feldpolizei.

Article IV : Reprise de l'article III des Directives, avec cette précision que c'est le Befehlshaber qui décidera avant le départ, en accord avec l'OKW, si le coupable doit être ou non présenté devant un tribunal militaire en Allemagne. Le choix du tribunal sera fait par l'OKW.

Article V : Les débats judiciaires devront, du fait de la mise en danger de la sécurité de l'État, être menés en Allemagne dans les conditions les plus sévères du huis clos. Des témoins étrangers ne pourront être entendus pendant l'audience principale qu'avec l'autorisation du Haut-Commandement des Forces armées.

Article VI : Un décret de Keitel du 13 septembre 1941 au sujet de la situation en Norvège et le Keitel-Befehl du 16.9.41 sont remplacés (ersetzt) par le présent décret, pour autant qu'ils concernent la procédure judiciaire de la Wermacht.

Article VII : Le décret sera applicable dans tous les pays occupés, à l'exception du Danemark et des Territoires de l'Est.

Le processus mis en œuvre est valable pour les procédures en cours.

L'ensemble des trois textes constituant le « Nacht und NebelErlass » (pas encore désigné par ce titre) et appelé aussi « Keitel-Erlass » est adressé aux chefs des principales branches de l'Armée, au « Führer SS du Reich et Chef de la Police allemande », aux Affaires étrangères, au chef de Chancellerie, et enfin à la Commission d'armistice de Wiesbaden.

Le 30 juillet 1944, la procédure « Nuit et brouillard » disparaît. La débâcle n'est pas loin. Par précaution, l'ordre est donné de ne laisser vivant aucun « NN ». Les alliés ne doivent pas en trouver.

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samedi, 05 février 2011 | Lien permanent | Commentaires (1)

Henri Karayan parle de ses camarades du groupe Manouchian

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samedi, 11 décembre 2010 | Lien permanent | Commentaires (6)

L'exécution du groupe Manouchian au Mont Valérien

Ces photos de l'exécution du groupe Manouchian au Mont Valérien, le 21 février 1944, ont été authentifiées par Serge Klarsfeld.

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 Crédit Photo : ECPAD-Don de l'association des Amis de l'abbé Franz Stock

Le groupe est entièrement démantelé à la mi-novembre 1943. Ses membres sont longuement torturés avant d'être fusillés au Mont Valérien. Sur cette photo, on voit l'exécution de Celestino Alfonso, Wolf Josef Boczor, Emeric Glasz et Marcel Rajman. Tous les membres ont refusé d'avoir les yeux bandés.

 

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Crédit Photo : ECPAD-Don de l'association des Amis de l'abbé Franz Stock

 

Georges Cloarec, Rino Della Negra, Cesar Lucarini et Antonio Salvadori face au peloton d'exécution. Le groupe Manouchian avait nargué les Allemands en commettant une trentaine d'opérations en plein Paris entre août et novembre 1943. A leur actif, notamment, l'exécution du général Julius Ritter, responsable adjoint pour la France du Service du travail obligatoire (STO).

 

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 Crédit Photo :  ECPAD-Don de l'association des Amis de l'abbé Franz Stock

 
L'exécution de Thomas Elek, Mojsze, Jonas Geduldig "Martinuiuk" et Wolf Wajsbrot. Seule femme du groupe, Olga Brancic sera décapitée en Allemagne en mai 1944.

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mardi, 22 février 2011 | Lien permanent | Commentaires (8)

Le 21 février 1944

... Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu'il méritera comme châtiment et comme récompense ... Je mourrai avec 23 camarades tout à l'heure avec le courage et la sérénité d'un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n'ai fait [de] mal à personne et, si je l'ai fait, je l'ai fait sans haine. Aujourd'hui, il y a du soleil ...

Extrait de la lettre de Missak Manouchian adressée à sa femme Mélinée, le 21 février 1944, avant d'être exécuté.

LA VIE À EN MOURIR

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Missak Manouchian

Josef Wolf Boczov

Celestino Alfonso

Marcel Mieczeslaw Rajman

Spartaco Fontano

Jonas Geduldig-Michael Martiniuk

Tamas Elek

Emeric Glasz

Willy Szapiro

Moysze Fingercwaig

Wolf Wajsbrot

Robert Witchitz

Roger Rouxel

Georges Cloarec

Stanislas Kubacki

Arpen Levitian-Armenek Manukian

Lejb Goldberg

Amedeo Usseglio Polatera

Cesare Luccarini

Rino Della Negra

Antonio Salvadori

Szlama Grzywacz

Olga (Golda) Bancic

Tous ont été fusillés, le 21 février 1944, au Mont Valérien.


Golda (Olga) Bancic, transférée en Allemagne, a été décapitée à la hache, à Stuttgart, le 10 mai 1944 (date de son anniversaire).
Joseph Epstein (Colonel Gilles), arrêté au rendez-vous du 16 novembre 1943 avec Manouchian, a été fusillé, après avoir été atrocement torturé sans jamais avoir parlé, le 25 avril 1944 avec vingt-neuf autres résistants.
Quarante autres résistants, juifs pour la plupart, ont été déportés.

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dimanche, 20 février 2011 | Lien permanent | Commentaires (3)

Remémoration Joseph Epstein

JOSEPH EPSTEIN

Colonel Gilles

Commandant des FTPF d’Ile-de-France

1911-1944

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"Le passé n'est jamais révolu. On n'en est jamais quitte avec lui. Il recèle un peuple de potentialités captives ou endormies, qu'un baiser du présent peut seul réveiller et délivrer."

Daniel Bensaïd

L’histoire nous traque comme un fantôme dans les couloirs du temps. Nous entendons un cri, comme un écho dans les ruines d’une chambre laissée aux griffes de l’usure. Des noms sont inscrits, il y a comme une odeur de sueur et de sang, il y a le courage de celles et ceux qui ne se sont jamais résignés. Surgit alors la remémoration, une vie tout entière illuminée par les combats, les luttes pour l’émancipation, de la Révolution espagnole à la lutte armée contre l’occupant nazi, de camps de concentration en prisons, de la vie déchirée, mutilée, jusqu’à l’ultime éclair devant les fusilleurs du Mont Valérien ce 11 avril 1944. C’est Joseph Epstein que l’on massacre sans répit jusqu’à ce poteau planté dans la petite clairière du fort, c’est le cœur d’un révolutionnaire qui cesse de battre. Mais un cœur qui a battu si fort, qui fut de tous les combats, ne se nécrose pas, il nous dit encore, il nous instruit, nous renvoie à cette lancinante persévérance, le refus de nous coucher devant les despotismes, les humiliations. Parler de Joseph Epstein et de ses camarades, c’est se réapproprier le sens de la lutte.

Au-delà de la tragédie, du malheur de toutes les souffrances endurées par ces hommes que l’on appelait « les hommes de l’ombre », je regarde le visage de Joseph Epstein et j’y vois la lumière et la douceur de la vie assassinée.

Joseph Epstein a été arrêté par les policiers français des brigades spéciales, le 16 novembre 1943, alors qu’il se rendait au rendez-vous prévu avec Missak Manouchian sur le quai de la gare d’Évry-Petit-Bourg. Les arrestations sont nombreuses ce 16 novembre 1943, et c’est l’ensemble du groupe dit « Manouchian » qui tombera dans les griffes des policiers français. Après un simulacre de procès des 23 résistants de la terrible Affiche rouge, 22 hommes seront fusillés le 21 février 1944 au Mont Valérien, Olga Bancic sera déportée en Allemagne et décapitée le 10 mai 1944, jour de son anniversaire, dans la cour de la prison de Stuttgart.

Après avoir été atrocement torturé, Joseph Epstein sera fusillé le 11 avril de la même année avec 21 de ses camarades : Jean Alezard, Emmanuel Bourneuf, Roger Brunel, Roland Cauchy, Florentin Clotrier, Maurice Corcuff, André Cordier, Maurice Dampierre, André Dreyer, Marcel Fouque, Robert Fouquet, Jean François, Christian Gavelle, René Guillaume, Paul Jourdheuil, André Leclerc, Marcel Maillard, Roger Martin, Gaston Michallet, Roger Richard, Camille Thibault. (Liste établie par Jean-Pierre Ravery). 

Patrice Corbin

 Les deux dernières lettres de Joseph Epstein.pdf 

 

Bibliographie

Joseph Epstein, Colonel Gilles, de Zamosc en Pologne au Mont Valérien 1911-1944, Moshé Zalcman, Éditions La Digitale, 1984.

La Vie à en mourir, lettres de fusillés 1941-1944, préface de François Marcot, lettres choisies et présentées par Guy Krivopissko, Éditions Tallandier, Paris, 2003.

Joseph Epstein, bon pour la légende, lettre au fils, Pascal Convert, Éditions Atlantica Seguier, Biarritz, 2007.

Documentaires

La Traque de L’Affiche rouge

Réalisation : Georges Amat et Denis Peschanski, Compagnie des Phares et Balises, 2007.

Mont Valérien, au nom des fusillés, 1940-1944

Un film écrit et réalisé par Pascal Convert, musique originale Bernard Lubat, montage Véronique Lagoarde-Segot, produit par Pierre-André Boutang et Nicolas Petitjean pour On Line Productions, 2003.

Joseph Epstein, bon pour la légende 

Réalisation : Pascal Convert
Auteur : Pascal Convert
Image : Jean-Pierre Caussidery, Pascal Convert, Charlie Perez
Son : Pascal Convert, Pierre Schoeller
Montage : Fabien Beziat
Commentaire dit par Bruno Putzulu

Production : Sodaperaga, 2007.

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lundi, 11 avril 2011 | Lien permanent | Commentaires (1)

Lucie Aubrac parle de Joseph Epstein


Lucie Aubrac par jorgeamat

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vendredi, 29 avril 2011 | Lien permanent | Commentaires (1)

21 février 1944 - 21 février 2010

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jeudi, 18 février 2010 | Lien permanent | Commentaires (1)

L'exécution au Mont Valérien le 21 février 1944

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Photo : Reproduction d'une des photos diffusées par Serge Klarsfeld montrant l'exécution, le 21 février 1944 à 15 h 40 au Mont-Valérien, de Celestino Alfonso, Wolf Josef Boczor, Emeric Glasz et Marcel Rajman (AFP/RUTHER/KLARSFELD).

Des photos inédites

des exécutions du Mont-Valérien

L'avocat Serge Klarsfeld, fondateur de l'association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France, a authentifié et diffusé auprès de l'AFP trois photos prises en 1944 par un sous-officier allemand montrant l'exécution de résistants du réseau Manouchian au Mont-Valérien, près de Paris. «Jusqu'aujourd'hui il n'existait aucune photo (authentifiée, ndlr) d'exécution au Mont-Valérien», assure l'avocat, chasseur de nazis et historien.

Ces trois photos se trouvaient probablement depuis 2003 dans un dossier de l'établissement photographique et cinématographique des archives de la Défense (EPCAD) au Fort d'Ivry mais « elles étaient considérées comme une reconstitution », a-t-il expliqué, soulignant que l'une d'entre elles est présentée ainsi dans une récente brochure officielle du Mont-Valérien. Or, « il s'agit en réalité de trois photos authentiques », affirme Serge Klarsfeld au terme de ses recherches.

Ces images, prises le 21 février 1944 en surplomb de la clairière du Mont-Valérien, ne permettent pas d'identifier les quatre hommes, mais les représentent, les yeux bandés, liés à des poteaux, face à un peloton. Sur une photo, on voit une double rangée de soldats visant les condamnés, sur une autre, ils apparaissent arme relevée devant les corps sans vie des quatre résistants attachés aux poteaux.

L'abbé Franz Stock, de dos, sur l'une des photos

Ces patriotes sont, selon Serge Klarsfeld, membres du réseau de Missak Manouchian, l'une des composantes des Francs-Tireurs et Partisans de la Main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI), d'obédience communiste, immortalisé par Aragon dans le poème Strophes pour se souvenir et dans le dernier film de Robert Guédiguian (L'Armée du Crime).

Les clichés ont été authentifiés par la direction de la Mémoire du Patrimoine et des Archives (DMPA) du ministère de la Défense, explique Serge Klarsfeld. Un responsable de la DMPA, Franck Segrétain, interrogé par l'AFP, a qualifié de « très probable » leur authenticité.

Ils ont été reconnus comme authentiques grâce à un rapprochement entre le dossier constitué par le comité allemand Franz-Stock et les travaux de Serge Klarsfeld. Ce comité allemand, du nom de l'aumônier militaire présent aux côtés des condamnés, a récupéré les négatifs auprès du sous-officier Clemens Rüther qui avait pris les clichés en cachette. Sur l'une des photos, on voit de dos l'abbé Franz Stock et le médecin militaire placés derrière le peloton d'exécution.

Dimanche : 68e anniversaire des premières exécutions

En 1985, le sous-officier s'est confié à un ami qui l'a convaincu de transmettre ses photos au comité Franz-Stock, a indiqué Serge Klarsfeld. Clemens Rüther appartenait à une troupe chargée de convoyer des résistants condamnés à mort au Mont-Valérien où ils furent fusillés le 21 février 1944.

Serge Klarsfeld, qui a effectué le recensement des fusillés du Mont-Valérien entre janvier 1941 et juin 1944, est d'autre part revenu sur le chiffre de 4 500 exécutions : il en dénombre désormais 1007, dont celles de 174 Juifs.

Me Klarsfeld a souhaité diffuser ces photos avant la célébration, dimanche 15 décembre, du 68e anniversaire de la première exécution massive au Mont-Valérien, le 15 décembre 1941, au cours de laquelle furent fusillés 70 résistants ou opposants à l'occupant allemand, dont 52 Juifs.

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samedi, 26 décembre 2009 | Lien permanent | Commentaires (3)

Jean Lemberger

Jean Lemberger,
résistant FTP-MOI, survivant
« Nous n'irons pas à la mort comme des moutons à l'abattoir »

D'abord, il y a eu la rue Mathis. À six dans une pièce. David et Guitele, avec leur nichée : Stefa, l'aînée, et puis Nathan et les deux petits, Serge et Jean. Le soir, dans le petit logement du 19e arrondissement de Paris, on déroule les matelas. L'eau est sur le palier. Communistes, les Lemberger ont fui la Pologne, où le Parti est clandestin. Ils ont voulu échapper à la misère et à l'antisémitisme. Là-bas, David, boulanger, avait été interné dans un camp. Il avait connu les coups, les brimades. La fille était pourchassée par la police. La France de 1936 a bien voulu les accueillir comme réfugiés politiques. Mais ils n'ont pas de permis de travail. Qu'importe ! C'est le temps des cerises aux oreilles, des manifs enrubannées de drapeaux rouges (1). Stefa, aujourd'hui, se souvient encore des chants révolutionnaires qu'elle entonnait en polonais, sous les applaudissements des ouvriers. «Pour nous, la France, c'était le pays de la fraternité.»

Un an plus tard, ils emménagent près de la Nation, rue des Immeubles-Industriels, c'est presque le paradis. La langue commune est le yiddish ou le polonais. C'est un peu le shtetl reconstitué. La guerre d'Espagne enthousiasme ce petit peuple de bannis qui croit dur comme fer aux lendemains qui chantent. L'appartement des Lemberger ouvre ses portes aux juifs polonais qui passent par Paris pour rejoindre les Brigades internationales. Ils se sont mis à la confection. Une vieille machine à coudre est leur bien le plus précieux. Jean est le seul qu'on envoie à l'école. À12 ans, mêlé aux gamins du primaire, il est malheureux comme les pierres. Humilié, au fond de la classe, avec ses jambes trop longues, coincées sous un pupitre trop petit, et ce fichu accent dont tout le monde se moque. Quand Serge tombe malade, il le remplace devant la machine à coudre. La vraie vie, croit-il, peut enfin commencer.
Mais en 1939 tout se détraque. La République espagnole capitule. Le pacte germano-soviétique déboussole la famille. Trois frères de Guitele sont expulsés vers la Pologne, en vertu d'un décret pris par le gouvernement Daladier. Dès que la guerre éclate, des juifs allemands de la rue des Immeubles-Industriels sont internés. Les mesures antijuives se succèdent. Les Lemberger sont touchés au cœur. «Nous, les quatre enfants, dit Stefa, on s'est tout de suite engagés, sans attendre l'appel du Parti.» La MOI (Main-d'œuvre immigrée), avec sa sous-section juive, est faite pour eux. Jean entre dans le mouvement, comme son pote, son voisin, Marcel Rajman, qui sera fusillé quelques années plus tard avec le groupe Manouchian. Les héros de l'Affiche rouge (2).

Au début, Jean confectionne des petits tracts anti-allemands («Chassons l'occupant»), en bidouillant des lettres de caoutchouc découpées dans des pneus de vélo. Très vite, on va passer aux choses sérieuses. Ses deux frères Nathan et Serge sont arrêtés et conduits au camp d'internement de Beaune-la-Rolande. Ils s'évadent. Mais Guitele y reconduit Serge, croyant bien faire : elle pense que les premiers déportés vers l'Allemagne seront installés dans les meilleurs camps Nathan rejoint la Résistance. Jean, lui, a 17 ans quand les gendarmes français le conduisent à Drancy, le 20 août 1941. Miraculeusement libéré au bout de trois mois, il a perdu 27 kilos. Et déjà tout compris. « Ce n'est qu'un début. Les Allemands veulent notre perte. Il va falloir se défendre. Non, nous n'irons pas à la mort comme des moutons à l'abattoir. »

Pour Jean, il n'y a pas d'autre choix que la lutte armée. Désormais, il fait partie ­ au sein des FTP-MOI ­ de ceux que les nazis appellent des « terroristes ». Les « actions » lui tordent le ventre. «C'est tellement dur de tuer quelqu'un ­ même un Allemand ­ quand on n'est pas un bandit. » Attaques de convois, grenades lancées dans les lieux fréquentés par les Allemands, meurtres ciblés d'officiers : les FTP-MOI harcèlent l'occupant. La police française et la Gestapo sont aux trousses de ces gamins au courage insensé qui risquent chaque jour leur vie. La veille de la grande rafle du Vel' d'Hiv', le 16 juillet 1942, Jean sait ce qui va se passer. Des informations ont filtré de la Préfecture de Police : cette fois, les femmes et les enfants seront arrêtés et déportés. Comment croire que l'on va envoyer des bébés en Allemagne « pour travailler » ? Dans une course éperdue, Jean tente de prévenir ces juifs que l'on va emmener à la mort, il en est sûr, et les convaincre de quitter leurs logements. Bien peu le croient. Et puis, aller où ? Le 16 juillet, 9 000 agents de la police française entassent 12 000 personnes ­ dont 4 000 enfants ­ dans les autobus verts à plate-forme de la TCRP (Transports en Commun de la Région parisienne).

L'étau se resserre sur les FTP-MOI. La clandestinité de Jean s'achève le 22 avril 1943, alors qu'il regagne sa planque, boulevard Soult. Il a été donné par une copine juive de la rue des Immeubles-Industriels, une rouquine (Lucienne Goldfarb dite Katia la rouquine) qu'il verra quelques jours plus tard papoter tranquillement avec des policiers des Renseignements généraux, pendant que, rue des Saussaies, on torture des résistants. Jean est déporté au Struthof, en Alsace annexée, le seul camp de la mort situé en France et doté d'une chambre à gaz. Classé « Nacht und Nebel » (Nuit et Brouillard), il est détenu successivement dans une vingtaine de prisons allemandes, avant d'arriver, en janvier 1944, à Auschwitz. Par deux fois il est sélectionné pour la chambre à gaz. Par deux fois il est épargné au dernier moment.

Quand Jean a été libéré, il ne pouvait dormir que par terre, enroulé dans une couverture. Il devait se nourrir au biberon. Serge aussi a été déporté à Auschwitz et en est revenu. Nathan, lui, a été fusillé pour tentative d'évasion : il avait réussi à dévisser une planche du wagon qui le menait à Auschwitz. L'oncle Adolf n'est jamais revenu de Buchenwald. On n'a jamais revu la tante Léa, la cousine Jacqueline, pas plus que l'autre oncle, Charles, sa femme Gisèle, et leurs deux enfants, Daniel et Jeannot. Les parents Lemberger, leur fille Stefa et son mari Marcel Skurnik, leur petite fille Paulette ont survécu.

Après la guerre, Jean et Serge ont monté un
atelier de confection à Paris. Ils sont morts au début des années 1990, à un an d'intervalle.

(1) L'histoire de la famille Lemberger a été racontée dans Heureux comme Dieu en France, par Gérard Israël (Robert Laffont, 1975).
(2)
Le Sang de l'étranger. Les immigrés de la MOI dans la Résistance,
par Stéphane Courtois, Denis Peschanski et Adam Rayski (Fayard, 1989).

Agathe Logeart

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vendredi, 03 avril 2009 | Lien permanent | Commentaires (3)

Archives allemandes

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Archives allemandes où figurent les 23 noms des résistants

du groupe dit "Manouchian" faisant acte de leur condamnation à mort.

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samedi, 04 avril 2009 | Lien permanent

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