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La police de Vichy

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vendredi, 17 août 2007 | Lien permanent

A Fabrice

Notre plate-forme d'échanges sur les FTP-MOI s'enrichit de divers documents au fil du temps, nous nous en félicitons. Je tiens tout particulièrement à remercier Fabrice qui s'est investi avec sérieux et dévouement tout au long de ces derniers mois. Nous lui devons beaucoup, son sérieux et l'intérêt qu'il porte à notre ambition de réaliser des pages toujours mieux documentées en fait un des principaux interlocuteurs. Souhaitons que cet intérêt fasse échos, souhaitons que d'autres visiteurs se sentent investis du même désir en des temps où reparler de la Résistance prend tout son sens, en des temps où la "résistance" s'impose comme une nécessité face à l'acharnement quotidien contre les plus démunis et notamment les étrangers en ce début de siècle avec un gouvernement qui ne cesse de porter les coups les plus durs contre les sans-papiers, les exclus, les "apatrides". Merci Fabrice.
 
Patrice Corbin 

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lundi, 17 septembre 2007 | Lien permanent

Georges Duffau s'exprime

0c0772c71c8eddf619d6f424321ec278.jpegAU NOM DE MON PERE JOSEPH EPSTEIN,
PAR GEORGES DUFFAU

De la Pologne à la France, en passant par l’Espagne, le colonel Gilles des FTP, " communiste juif étranger ", a mené un formidable combat pour la liberté avant d’être arrêté avec Manouchian.

Vous êtes le fils de Joseph Epstein (1), connu sous le nom de colonel Gilles, qui était commandant des FTP de l’Île-de-France. Était-il, à ce titre, le stratège des actions militaires, notamment celles des FTP-MOI, connus pour leurs actions d’éclat, en particulier dans la région parisienne ?

Georges Duffau. Mon père a inauguré, on peut le dire, une nouvelle technique de guérilla urbaine, qui a été reprise ensuite par de nombreux groupes de FTP dans l’ensemble de la France. Cela ne s’est pas fait sans débat. Il y avait des tenants de l’ancienne tactique et d’autres partisans d’en changer avec l’objectif de prendre moins de risques. De quoi s’agit-il ? Pendant très longtemps, les combattants armés de la Résistance ont attaqué à trois, l’un lançait la grenade, un autre qui possédait un revolver le couvrait et le troisième assurait le chemin du repli. Le résultat était qu’on déplorait souvent de grosses pertes face aux troupes allemandes nombreuses et bien armées. Mon père a préconisé une nouvelle technique de guérilla urbaine qui engageait entre douze et vingt hommes. Il y avait toujours celui ou ceux qui lançaient les grenades et ensuite, sur l’itinéraire de repli, étaient postés, successivement, des groupes de trois ou quatre. Les Allemands qui les poursuivaient se heurtaient à une riposte de plus en plus importante. Les pertes du côté des résistants ont sensiblement diminué. Cette tactique n’était pas évidente parce qu’aux yeux de certains on exposait beaucoup trop d’hommes. Mais les faits ont tranché, et j’ai toujours en mémoire les confidences de résistants me disant : " Nous sommes vivants grâce à ton père, parce que, si nous n’avions pas mis en place cette tactique à Lyon et à Villeurbanne, nous y serions tous restés. "

À qui s’attaquaient-ils ?

Georges Duffau. Aux troupes allemandes uniquement, exclusivement. Ils s’attaquaient aux soldats, aux officiers, à leurs généraux. Ils ont exécuté un certain nombre de hauts gradés dans leurs voitures.

On a une évaluation de leur nombre ?

Georges Duffau. Il faudrait reprendre tous les communiqués militaires des FTP de l’époque. C’est difficile à dire aujourd’hui. Je ne suis pas historien. J’ai en tête quelques actions d’éclat où il y a eu jusqu’à cinquante morts du côté allemand et zéro - même pas un blessé - du côté des résistants. À l’Odéon, par exemple, où ils se sont attaqués aux militaires allemands attablés à une terrasse de café.

D’où venait à votre père ce sens de la stratégie, de la tactique ?

Georges Duffau. Cela remonte à son plus jeune âge. En Pologne, où il est né, il a suivi, au cours de ses études, la préparation militaire, qui déjà l’intéressait. Ensuite, immigré en France, il est parti pour l’Espagne, où il a mis en pratique son expérience durant la guerre civile. À vingt-trois, vingt-quatre ans, il s’est retrouvé lieutenant dans les Brigades internationales. Après son retour en France, en 1939, il s’est engagé comme deuxième classe dans la Légion étrangère pour combattre les nazis. Fait prisonnier, évadé du stalag, après avoir été repris une première fois, il est rentré en France, où il a trouvé la liaison avec la Résistance. Sa première mission a été d’organiser des sabotages dans les usines avec la CGT clandestine. C’est en février 1943, je crois, qu’il a été nommé commandant FTP de la région parisienne.

Pourquoi cet engagement très vite dans l’Espagne républicaine ?

Georges Duffau. Mon père, dès sa jeunesse en Pologne, était déjà communiste. Il se battait contre l’antisémitisme, pour la défense des ouvriers. Quand il est arrivé en France, naturellement, il a adhéré au Parti communiste français. Il a milité dans les différentes villes, Tours, Bordeaux, où il a fait ses études, des études de droit pour devenir avocat, diplôme qu’il a eu très peu de temps avant de partir pour l’Espagne. Son combat contre le fascisme a été l’engagement de toute sa vie. Dans la dernière lettre qu’il m’a adressée, écrits en travers du texte, il y a ces mots : " Vive la liberté, vive la France ! "

La France était, à ses yeux, une terre de liberté ?

Georges Duffau. Même s’il avait souffert de tracasseries policières du fait de son engagement politique, la France était pour lui un pays de liberté. Mais, peut-être, encore plus fondamentalement, il se battait pour que tous les enfants comme le sien connaissent une vie heureuse.

Des gens qui mettent en cause le film Mont-Valérien, aux noms des fusillés déplorent qu’on n’y voie, selon eux, essentiellement des communistes, des juifs et des étrangers. On ne peut pas ne pas penser aussitôt à Joseph Epstein, qui était les trois à la fois, et à d’autres comme lui...

Georges Duffau. ...Juif, communiste, étranger !

Comment ressentez-vous cette désignation " communiste juif étranger " qui, pour certains, serait péjorative et qui, pour d’autres, est plutôt un titre de gloire ?

Georges Duffau.
De la façon dont certains l’utilisent en termes polémiques je le ressens comme une insulte. Je crois que ces fusillés, souvent communistes et parfois étrangers, juifs, étaient aussi tout simplement français. Ils se battaient ensemble pour une idée. On veut les faire disparaître une deuxième fois parce qu’ils étaient communistes, et ça je ne peux pas le supporter. Même si, aujourd’hui, on sait que dans les pays de l’Est il s’est passé des choses inadmissibles, très graves, il n’empêche qu’à ce moment-là, au nom du communisme, ils se battaient pour la liberté. C’est un titre de gloire qu’on ne peut pas leur enlever !

Aux yeux des nouvelles générations, c’est peut-être aujourd’hui, à une époque de forte aspiration à l’universalité, une chose magnifique qu’un étranger puisse devenir aussi citoyen de la Liberté dans le pays où il vit ?

Georges Duffau.
Il n’y a pas, je crois, image plus noble. La liberté n’a pas de frontières.

Vous participez à des débats dans des lycées. Comment est ressentie cette figure d’Epstein, ce juif étranger communiste mort pour la France ?

Georges Duffau. Ce qui frappe les jeunes, quand on discute avec eux, c’est la valeur de l’engagement qui va jusqu’au sacrifice de la vie. Quand on parle de ceux qui sont tombés au Mont-Valérien ou à Châteaubriant, on parle en particulier de Guy Môquet et d’André Kirschen, seul survivant du procès de la Maison de la chimie, qui avaient seize ans, l’âge des lycéens qu’on rencontre. Et ça les amène à se poser la question : est-ce que, moi, je suis capable, au nom d’un idéal, de m’engager jusque-là ? Ce sont toujours des débats extrêmement passionnants. J’ai en tête une rencontre qui m’a marqué. J’accompagnais une classe dans la visite du Mont-Valérien. À la fin, deux adolescentes ont tenu à discuter assez longuement avec moi sur ce qui s’était passé. L’une portait un collier avec une main de fatma et l’autre une étoile de David. Elles avaient toutes les deux le même regard admiratif en évoquant ces jeunes qui s’étaient ainsi battus. Compte tenu de ce qui se passe aujourd’hui dans le monde et des relents à la fois d’antisémitisme et de racisme anti-arabe, le fait que ces deux jeunes filles se retrouvent ensemble sur ce sujet, j’ai trouvé cela formidable. Pour ces jeunes, le fait d’être juif, communiste et étranger, peu importe l’ordre, n’est pas le fait essentiel. L’important, c’est qu’ils se battaient pour la liberté, pour la France, contre le fascisme. Ces jeunes n’ont pas les mêmes a priori que nous quand on parle des communistes, ils ne pensent pas forcément tout de suite à Staline !

Pour votre père, le sentiment d’être juif existait-il dans sa conscience sociale, dans son engagement ?

Georges Duffau. C’est une question très difficile. Mon père est mort quand j’avais deux ans et demi. J’en sais ce que j’en ai lu ou ce qui m’en a été dit par ses proches. Ma mère, qui était dans la même situation que lui, qui était juive, communiste, polonaise, a souffert en Pologne de ce qu’on appelait le " numerus clausus ". Au-delà d’un certain nombre, les juifs n’avaient pas le droit de faire des études supérieures. Elle a immigré en France pour faire des études de pharmacie. Mais ce qui comptait avant tout, pour elle aussi, c’était l’engagement politique. Elle se sentait juive, je crois, parce que certains voulaient qu’elle le soit. J’ai envie de dire que l’antisémitisme crée l’appartenance. Car au fond d’elle-même elle se sentait un être humain comme les autres.

Votre père, au vu de sa vie, avait-il quelque chose d’insurgé en lui ? On le retrouve commissaire politique en Espagne, mais très vite il quitte cette fonction pour se battre sur le front, dans la bataille de l’Ebre...

Georges Duffau.
Il pensait que sa connaissance de l’art militaire était beaucoup plus utile à la République espagnole que le fait d’être commissaire politique. Insurgé permanent ? Oui. Insurgé en Pologne contre le régime de Pisuldski, régime militaire antisémite et très dur, une sorte de dictature ; insurgé social pendant le Front populaire en France ; engagé en Espagne, puis dans la Résistance. Oui, c’est un insurgé, mais pas un " professionnel " quand même ! Il se destinait au départ à la profession d’avocat. Ce sont les événements qui l’ont fait ce qu’il a été.

Est-ce qu’on pouvait dire qu’il avait un tempérament portant à la bagarre ?

Georges Duffau. Non, il était très réfléchi ! Il est un de ceux qui ont tenu le plus longtemps à la tête des FTP de la région parisienne. Dans les conditions de l’époque, de la clandestinité, en général on tenait trois mois. Lui, il est resté le double. Pas tête brûlée, mais aimant la contestation. Petit détail que je tiens de Lucie Aubrac, dans le cadre de leur militantisme d’étudiants communistes avant-guerre, ils sont allés tous deux à une messe de minuit, Lucie avait sous son grand manteau deux pigeons et accrochée aux pattes des pigeons une banderole " La religion est l’opium du peuple ", qu’ils ont lâchés dans l’église. Toujours avec Lucie Aubrac, ils sont allés devant une caserne pour lancer avec des pierres des banderoles qui s’enroulaient autour des fils du tramway.

Joseph Epstein a été arrêté le même jour que Manouchian ...

Georges Duffau. Il a été arrêté le même jour, à le même heure, au même endroit que Manouchian. C’était le 16 novembre 1943, à Évry-Petit-Bourg, lors d’un rendez-vous à deux en vue d’organiser de nouvelles actions. Le groupe était suivi depuis très longtemps par la brigade spéciale de la préfecture de police. Ils ont été arrêtés tous les deux ensemble. Manouchian, son nom était connu, avait été localisé. Le nom de mon père leur était inconnu, ils n’ont même pas réussi à lui faire dire sa véritable identité.

Il a donc été torturé ?

Georges Duffau. Oh la ! De façon horrible. Tout l’hiver 1943-1944. J’ai des photos de lui, on lui a mis un masque de cuir, et puis on serrait, on serrait, on serrait, tout le visage éclatait, c’était monstrueux, et il n’a jamais parlé. Il n’a même pas livré son vrai nom. " Joseph Andrei ", c’est le nom sous lequel il a été fusillé. Même en prison, il n’a jamais renoncé, il a réussi à faire passer à la Résistance des feuilles de papier à cigarette sur lesquelles il y avait des messages. Il demandait à ce qu’on lui fasse passer dans des pantoufles charentaises, cachées dans les semelles, des petites scies pour pouvoir scier les barreaux de sa cellule. On lui en a apportée, malheureusement pas assez solides et elles se sont cassées trop vite. Il en a redemandé d’autres. Le jour où l’agent de liaison de la Résistance les lui a apportées, le camion l’emmenait avec d’autres au Mont-Valérien. Il a été fusillé le 11 avril 1944.

Vous ne portez pas le nom de votre père ...

Georges Duffau. Parce qu’il l’a voulu. Dans les conditions de la guerre, avec la chasse aux juifs, il a voulu que je porte le nom du premier mari de ma mère, Jean Duffau, un militant de Bordeaux, dont elle a divorcé avant de se remarier avec mon père. Les hasards de la guerre ont fait qu’elle avait gardé son livret de famille et mon père a demandé à ce que je sois inscrit sur ce livret. Joseph Epstein, pour me protéger, a laissé un testament, que j’ai, dans lequel il dit : " Je certifie que je suis le père du petit Georges Duffau, c’est moi qui ai demandé à ce qu’il porte ce nom-là parce que c’est la période de la guerre. " Ses amis de la Résistance ont enterré le testament dans leur jardin, à la campagne, et l’ont remis à ma mère, à la Libération, qui l’a fait authentifier. Ensuite, ma mère a pu reprendre son vrai nom, " Perla Epstein ", mais n’a jamais réussi à obtenir que l’état civil français rectifie le mien. Elle est d’ailleurs décédée au lendemain de l’inauguration, le 20 septembre dernier, du monument du Mont-Valérien.

Qu’est devenu Jean Duffau ?

Georges Duffau. Il a été fusillé par les Allemands en octobre 1942, à Balard, ce qu’on appelle le stand de tir d’Issy-les-Moulineaux. C’était aussi un résistant.

Ces deux noms sont pour vous des noms d’honneur ?

Georges Duffau. Exactement. Les deux.

Vous n’avez pas eu, dit-on, l’habitude de vous réclamer du nom d’Epstein, du colonel Gilles, particulièrement dans le monde militant que vous fréquentiez...

Georges Duffau.
Tous mes proches, mes amis le savaient, mais pas au-delà. Je voulais être reconnu pour ce que j’étais, je ne voulais pas obtenir une reconnaissance, un respect obligé dus au nom de mon père.

Aujourd’hui, avec le recul, cette référence au père est-elle devenue plus naturelle ?

Georges Duffau. Oui, pour la mémoire et parce que je ne suis plus engagé professionnellement. Aujourd’hui, je m’engage dans ce domaine comme Georges Duffau, je me bats contre le révisionnisme, contre ces négationnistes qui nient la réalité de la l’Holocauste et du nazisme, contre tous leurs émules en France qui développent des théories d’exclusion faisant référence à la couleur de la peau, à la religion.

S’agit-il aussi de prolonger le combat de Joseph Epstein, d’une façon qui peut être affective ?

Georges Duffau. Oui.

L’amour du père ...

Georges Duffau.
Je ne sais pas si c’est l’amour du père, je ne sais pas ...Je ne l’ai pas connu, c’est difficile à dire. Mais l’envie de poursuivre un certain combat dans le monde d’aujourd’hui, ça oui, ça établit un lien très fort avec lui.

Entretien réalisé par Charles Silvestre

(1) Georges Duffau est par ailleurs président de l’Association du souvenir des familles de fusillés du Mont-Valérien et de l’Île de France.

Article paru dans l'édition de L'Humanité le 21 février 2004 .

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mardi, 18 septembre 2007 | Lien permanent | Commentaires (3)

Appel de résistants

Appel à la commémoration du 60e anniversaire du programme
du Conseil national de la Résistance du 15 mars 1944
 

Au moment où nous voyons remis en cause le socle des conquêtes sociales de la Libération, nous, vétérans des mouvements de Résistance et des forces combattantes de la France Libre (1940-1945), appelons les jeunes générations à faire vivre et retransmettre l'héritage de la Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle.

Soixante ans plus tard, le nazisme est vaincu, grâce au sacrifice de nos frères et soeurs de la Résistance et des nations unies contre la barbarie fasciste. Mais cette menace n'a pas totalement disparu et notre colère contre l'injustice est toujours intacte.
Nous appelons, en conscience, à célébrer l'actualité de la Résistance, non pas au profit de causes partisanes ou instrumentalisées par un quelconque enjeu de pouvoir, mais pour proposer aux générations qui nous succèderont d'accomplir trois gestes humanistes et
profondément politiques au sens vrai du terme, pour que la flamme de la Résistance ne s'éteigne jamais :

• Nous appelons d'abord les éducateurs, les mouvements sociaux, les collectivités publiques, les créateurs, les citoyens, les exploités, les humiliés, à célébrer ensemble l'anniversaire du programme du Conseil national de la Résistance (C.N.R.) adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944 :

Sécurité sociale et retraites généralisées, contrôle des « féodalités économiques », droit à la culture et à l'éducation pour tous, presse délivrée de l'argent et de la corruption, lois sociales ouvrières et agricoles, etc. Comment peut-il manquer aujourd'hui de l'argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales, alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l'Europe était ruinée ?
Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie.

• Nous appelons ensuite les mouvements, partis, associations, institutions et syndicats héritiers de la Résistance à dépasser les enjeux sectoriels, et à se consacrer en priorité aux causes politiques des injustices et des conflits sociaux, et non plus seulement à leurs conséquences, définir ensemble un nouveau « Programme de Résistance » pour notre siècle, sachant que le fascisme se nourrit toujours du racisme, de l'intolérance et de la guerre, qui eux-mêmes se nourrissent des injustices sociales.

• Nous appelons enfin les enfants, les jeunes, les parents, les anciens et les grands-parents, les éducateurs, les autorités publiques à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation marchande, le mépris des plus faibles et de la culture, l'amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous. Nous n'acceptons pas que les principaux médias soient désormais contrôlés par des intérêts privés, contrairement au programme du Conseil national de la Résistance et aux ordonnances sur la presse de 1944.


Plus que jamais, à ceux et celles qui feront le siècle qui commence, nous voulons dire avec notre affection :

« CREER, C'EST RESISTER. RESITER, C'EST CREER. »


Signataires :


Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant, Maurice Voutey.


www.alternatives-images.net

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jeudi, 20 septembre 2007 | Lien permanent

Appel des résistants & libération en 1944


L'appel des résistants


Résistance 1944 - La Libération
SITE DU CONSEIL NATIONAL DE LA RÉSISTANCE,

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mardi, 18 septembre 2007 | Lien permanent

Qui a trahi Manouchian ? par Adam Rayski

QUI A TRAHI MANOUCHIAN ?

Qui a trahi Manouchian et son groupe de résistants ? Le parti communiste est-il réellement en cause, même indirectement ? Adam Rayski* apporte ici un précieux témoignage.
 
L'Histoire : Avant d'être fusillé, Manouchian, dans sa dernière lettre,  pardonne à tous, « sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau  et ceux qui nous ont vendus ». Qui est le traître ?

Adam Rayski : Dans l'esprit de Manouchian il s'agissait de Joseph Davidovitch, commissaire politique des FTP-MOI1 depuis juin 1943. Manouchian était son subordonné et ne l'a accepté qu'à contrecœur. En octobre, Davidovitch disparaît. Par une fuite de la préfecture, nous avons appris qu'un résistant dont le signalement correspondait à celui de Davidovitch avait craqué, était passé aux aveux. Il sillonnait Paris en voiture avec les policiers français pour piéger les camarades sur leurs lieux de rendez-vous. A la suite d'une évasion simulée, il devait infiltrer la MOI et remonter jusqu'à la direction clandestine du Parti. Après les coups de filet de mars 1943 –  140 camarades arrêtés –, la police s'était déjà  bien infiltrée. En janvier 1944, ce sont deux adjoints de Duclos qui tombent. Davidovitch a contribué à mieux cerner l'organigramme clandestin.  Sa trahison ne fait plus aucun doute.

L'Histoire : Et quels sont ceux qui ont vendu ?

Adam Rayski : Une certitude : Manouchian ne pouvait soupçonner les communistes. Pour Mélinée, sa veuve, il est mort communiste. « Vendre » est le mot de la terminologie résistante et de la presse clandestine pour désigner la Collaboration et Vichy, surtout après Montoire. A son procès, quand Manouchian déclare : « Vous avez vendu votre conscience et votre âme  à l'ennemi », il s'adresse avec mépris à un parterre de gestapistes français et de journalistes collaborateurs.

L'Histoire : Il y a ce Tomasina, compagnon de cellule de Manouchian. Manouchian lui aurait dit qu'il accusait formellement un certain Roger d'être coupable, au même titre que Davidovitch. C'est en tout cas ce que déclare la veuve de Manouchian. Qu'en pensez-vous ?

Adam Rayski : Effectivement, Tomasina laisse planer le doute sur Roger - Boris Holban -, chef militaire parisien des FTP-MOI, d'être coresponsable de l'arrestation. Roger aurait insisté pour que Manouchian donne les vrais noms et adresses des camarades à Davidovitch. C'est fondamentalement méconnaître les réalités de la clandestinité. Les vrais noms, ça n'existait pas. Mélinée Manouchian dit, à propos du 16 novembre 1943, que Manouchian ne connaissait pas les adresses. Cette déclaration de Tomasina n'est pas sérieuse. C'est offenser Manouchian que de le présenter comme un boy-scout alors qu'il était un résistant de première qualité.

L'Histoire : Que pensez-vous de la thèse de la « tricolorisation » du Parti ? Certains historiens prétendent que le PC, soucieux de redorer son blason cocardier, aurait sacrifié délibérément les combattants « Manouchian » aux noms trop juifs et à l'accent yiddish si peu national...

Adam Rayski : Le groupe Manouchian n'était pas comme ça. suspendu en l'air. Il était en interconnexion avec tous les rouages du Parti. On ne pouvait livrer sélectivement Manouchian sans mettre en danger toutes les organisations dans la mouvance du Parti. Dans l'hécatombe de mars 1943, il y avait beaucoup de Français de pure souche. Il n'y a qu'à lire le rapport de  police du 3 décembre 1943, établi après la chute de Manouchian : « 67 arrestations, 14 Français aryens, 4 Français juifs, 19 étrangers aryens, 30 étrangers juifs. » Souvenez-vous de Joseph Epstein, responsable FTPF de l'Ile-de-France, exécuté en avril 1944 avec 18 Français « aryens ». Le PC ne manquait pas de noms bien français. L'appellation nazie de groupe « Manouchian », c'est la propagande raciste pour mieux discréditer la Résistance et la présenter comme non patriotique.

L'Histoire : Le groupe a-t-il été abandonné sans armes ?

Adam Rayski : Le même rapport de synthèse énumère tout un arsenal trouvé dans une planque de Marcel Rayman et de Boczov qui appartenait au groupe des 23 condamnés de l'Affiche rouge : « 5 pistolets, 6 grenades, des lots de cartouches, une mitraillette Mauser, etc. » Que l'on s'y reporte.

L'Histoire : Sans argent ?

Adam Rayski : La caisse du Parti ne fonctionnait pas comme une payerie générale. Fréquemment l'argent  arrivait en  retard, ou  pas du  tout  quand le  collecteur  de  fonds « tombait ». Tout le monde brandit la dernière lettre de Manouchian à sa femme, mais néglige bizarrement son post-scriptum : « J'ai quinze  mille francs dans la valise de la rue de Plaisance. Si tu peux les prendre, rends mes dettes et donne le reste à Armène. M[lissak] M[anouchian]» Si l'argent venait à manquer, c'était pour des raisons  techniques et non politiques. La thèse de l'abandon ne tient pas debout.

L'Histoire : y a-t-il une responsabilité du PCF dans la chute du groupe  Manouchian ?

Adam Rayski : En mai 1943, devant le bilan des pertes des organisations juives, j'ai demandé le repli. le transfert de notre direction dans la zone Sud. Le Parti a refusé, qualifiant cette attitude de « capitu1arde ». Le PC voulait continuer à frapper dans la capitale, avec ce qui restait son unique bras séculier : les FTP-MOI. Stratégiquement, la direction, pour affirmer sa suprématie vis-à-vis de Londres et du Conseil national de la Résistance, désirait capitaliser les actions d'éclat de la MOI. La direction nationale juive est partie in extremis pour Lyon, mais les FTP ont continué à lutter sur place avec acharnement. Le Parti a sous-estimé l'impératif de la guérilla urbaine – savoir décrocher – et a tiré un rendement politique maximum des coups d'éclat de la MOI. A terme, c'était donc bien une grave erreur politique. La part de responsabilité du PC dans les arrestations de résistants - dont les 23 de l'Affiche rouge - est indiscutable. Mais ne parlons pas à propos du Parti de trahison ; ne parlons pas non plus d'abandon et encore moins de sacrifice prémédité.

(Propos recueillis par Alain Rubens.) 
 

* Responsable national de la section juive du PCF. de 1941 à 1949.

1. Francs-tireurs partisans. Main-d’œuvre immigrée. Cf. L'Histoire numéro spécial 80. " Résistants et collaborateurs ". p. 38.

2. Date de l'arrestation de Manouchian.

3. Pour Adam Rayski, Armène désigne l'organisation arménienne de Paris.

ARTICLE DE LA REVUE L’HISTOIRE N° 81, SEPTEMBRE 1985

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mercredi, 19 septembre 2007 | Lien permanent | Commentaires (5)

MOI Main-d'Œuvre Immigrée

M.O.I.

Main-d'Œuvre Immigrée

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La MOI, ce sigle de trois lettres qui signifie Main-d’Œuvre Immigrée, compte désormais parmi les grands courants de la Résistance française et jouit d’un prestige qui s’explique par l’ampleur de son engagement et l’acharnement répressif des polices française et allemande réunies dans ce but. Un acharnement qui se manifestera aussi, au cours des années 1942-1943, sur le plan politique dont l’enjeu est d’une importance primordiale pour l’occupant et Vichy : enrayer la montée de l’esprit de résistance parmi les Français en essayant de leur faire croire que « l’Armée de libération est l’armée du crime composée des bandits étrangers et des Juifs à la solde de l’étranger. »

La MOI a vu le jour en 1923, à l’initiative du Parti communiste français, soucieux d’étendre son influence parmi les millions de travailleurs arrivés en France, fuyant leur pays d’origine aussi bien pour des raisons économiques que politiques. Il est vrai que le chômage, la misère et l’étouffement de la liberté y faisaient bon ménage. La tendance parmi les immigrés à s’organiser dès leur arrivée en France est un fait généralisé et bien compris des gouvernements et des partis politiques. L’économie du pays a besoin d’eux : ne souffre-t-elle pas d’un cruel déficit démographique à l’issue de la Première Guerre mondiale ? Ce qu’on attend d’eux, c’est qu’ils donnent leurs bras pour les mines de charbon et les hauts fourneaux et qu’ils aident à redresser la situation démographique affectée par le déséquilibre hommes/femmes. Autant de raisons qui favorisent parmi les immigrés, la floraison d’organisations d’aide mutualiste, à caractère éducatif, culturel, sportif, syndical, voire politique. Bref, des microcosmes à l’image de la société française.

L’initiative communiste de 1923, si elle légitime l’existence autonome de cette multitude d’organisations, les encadre cependant par des militants chevronnés d’origine étrangère. L’ensemble est chapeauté par une direction dite « Commission centrale de la MOI », liée directement au PC. Les groupes communistes (« sections ») agissant à la tête et au sein des organisations de masse — composées majoritairement des non-communistes — sont appelés « groupes de langue » pour ne pas dire « de nationalité », une notion dont l’usage pourrait suggérer la reconnaissance du principe des minorités nationales, inacceptable par l’idée jacobine d’État-Nation, si chère aux républicains.

La reconstitution, dans la clandestinité, des structures de la MOI, a suivi de près celles d’avant-guerre. S’y est ajoutée, à la fin de l’année 1941, une formation spécifique, l’OS (Organisation Spéciale) devenue, en se développant, les francs-tireurs et partisans (FTP). Alors que l’OS était initialement organisée sur le principe «  un détachement par groupe ethnique », les pertes subies obligent la direction à former des groupes mixtes où Juifs, Italiens, Arméniens et Espagnols de nationalité étrangère ou naturalisés français, luttèrent et moururent fraternellement unis.

Les sentiments de solidarité et d’amitié qui les unissaient dans la vie et la mort prenaient valeur de message annonçant, non l’Europe des chambres à gaz, mais l’Europe des peuples unis pour l’autodétermination et l’émancipation, une Europe que nous devons construire contre cette Europe des tout puissants, de la sauvagerie, de la barbarie capitaliste.*

* Ce dernier paragraphe a été rédigé et ajouté par le site l’Affiche rouge-Manouchian, nous en assumons donc le contenu politique. En ce qui concerne ce bref exposé historique sur l’histoire de la MOI, nous le devons à Adam Rayski, il fut publié en novembre 2003 par la Mairie de Paris. 

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dimanche, 08 janvier 2012 | Lien permanent | Commentaires (1)

Missak Manouchian, une esquisse de portrait

MISSAK MANOUCHIAN

Une esquisse de portrait

Un documentaire de Michel Ionascu 

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Réalisation : Michel Ionascu

Documentaire (2012), Noir et Blanc (16/9), Durée : 1 h 37

Production : ZONGO CINEMA, AUDIOPRADIF, CEUX DU RAIL 

Image : Michel Ionascu, Laurent Huet

Musiques originales : Narrow Haze, Le Projet Ionasch. 

Avec : Arsène Tchakarian, Henri Karayan, Didier Daeninckx, Raymond Aubrac,  Julien Laupretre, Christophe Betenfeld, Sébastien Viaud.

 

Missak Manouchian, héros de la Résistance, est fusillé par les Allemands en février 1944. Passionné d'Art et de Culture, écartelé entre le Réel et l'Imaginaire, l'Histoire ne lui a pas laissé le temps d'être... lui-même. Les témoignages de ses compagnons d’armes apportent aujourd’hui un éclairage nouveau sur la grandeur morale de cet homme et sur l’actualité de son combat.

Contacts

http-::www.michelionascu.com

Zongo Cinema

210, rue de Crimée  75019 Paris - Tel : 01 40 36 34 79

zongocinema@hotmail.commichel.ionascu@free.fr

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jeudi, 15 décembre 2011 | Lien permanent | Commentaires (1)

Après nous, après eux


DE QUOI CELESTINO ALFONSO EST-IL LE NOM ?

 

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« Il fallait oser », bien des voix s’élèveront dans ce sens. Patrick Fort, après maintes hésitations, prend le risque. Il prend le risque de la chute, de la critique acerbe de quelques historiens scrupuleux (on ne leur reprochera pas), explorateurs d’archives, cherchant sources et recoupements ; ceux-là, nous les étudions et leurs recherches nous sont précieuses, ceux-là nous permettent de comprendre l’événement historicisé, d’apprécier avec méthode une séquence historique.


Patrick Fort est tout autre, il n’est ni historien, ni chercheur, il est écrivain, il marche sur des chemins rougis par le sang des hommes, il tremble, il doute, il se détourne puis revient, hanté qu’il est par une voix. Quelle voix, quelle mémoire surgit, subsume jusqu’à l’obsession ? Il me parle, il nous parle Celestino Alfonso, il interpelle : « J’ai été fusillé le 21 février 1944 avec vingt et un de mes camarades, Olga Bancic fut décapitée à la prison de Suttgart le 10 mai de la même année. »


Après nous, c’est l’ultime parole étranglée de Celestino. Patrick Fort nous bouscule, nous arrache au confort de notre aveuglement, de notre ignorance, il nous renvoie à cette sentence et c’est implicitement qu’il nous oblige, avec force et détermination. Chacune, chacun de ses lecteurs l’entendra. « Après eux », après ces combattants de l’ombre qui s’illustrèrent dans la guérilla urbaine (au plus fort de ses actions durant l’année 1943), anciens d’Espagne, communistes internationalistes, combattants de la liberté luttant contre le fascisme et toutes les oppressions, militants déterminés par la volonté inépuisable de transformer le monde pour l’émancipation des exploités de tous les pays, des internationalistes révolutionnaires, nul n’en peut douter. Pour ces raisons, j’aime à dire que Patrick Fort est un « passeur-passant », il nous invite à un face-à-face sans concession, bouscule nos doutes, fustige nos capitulations. Il nous somme en même temps que Celestino nous arme et s’obstine dans le bruit assourdissant du crépitement des balles nazies qui l’assassinèrent au Mont Valérien, un après-midi de honte pour l’humanité toute entière. Il nous renvoie à notre responsabilité de femmes et d’hommes pour que le mot liberté devienne événement historique.


Il fallait tuer pour sauver la vie, tuer ceux qui, dans une folie meurtrière, transformaient l’Europe en un immense charnier, ceux qui semèrent la terreur par le crime et l’humiliation. J’entends Henri Karayan : « Je n’ai pas tué d’Allemands, je n’ai tué que des nazis », Missak Manouchian :« Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand. »


Patrick Fort a su avec sincérité et humilité, donc avec talent, se déjouer de la porosité entre réalité et légende, Après nous, il nous interroge : « Après eux ». Il y a donc bien plus qu’un livre, il y a une idée, celle irréductible de révéler le sens du combat mené par Celestino et ses camarades, celle incontournable d’être dignes de ces femmes et de ces hommes en martelant notre propre histoire avec le marteau de la liberté sur l’enclume de la vie. Merci à toi Patrick Fort.


Patrice Corbin

Le 23 septembre 2012


 

Le roman noir reste un sport de combat

 

  

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mardi, 22 janvier 2013 | Lien permanent | Commentaires (2)

Missak Manouchian, une esquisse de portrait

MISSAK MANOUCHIAN,

une esquisse de portrait

 

Affiche Utopia.jpg


Cinéma Utopia à Pontoise


Royal Utopia


1, allée de Fan
95310 Saint-Ouen-l'Aumône
Tél. : 01 30 37 75 52

Séance unique


Mardi 18 septembre

à 20h30


suivie d'une rencontre avec le réalisateur

Michel Ionascu et en présence de 

Arsène Tchakarian (compagnon d'armes de Missak Manouchian)

Julien Lauprêtre : président du Secours Populaire Français

(incarcéré avec Missak Manouchian)

Didier Daeninckx : écrivain, auteur de Missak

Hélène Kosséian-Bairamian


Pour plus de renseignements, cliquez sur ce lien

Cinéma Utopia

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vendredi, 14 septembre 2012 | Lien permanent | Commentaires (1)

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