Szlomo Grzywacz à sa femme (1) (mercredi, 18 avril 2007)

medium_Grzywacz.3.jpgPrison de Fresnes – Seine (2) – 21 février 1944

Fraine (sic), le 21 février 1944
 
Chère Janine (3),

 

Aujourd’hui à 3 heures (4) je serai fusillé. Jusqu’au dernier moment, je me conduirai (illisible) comme il convient à un ouvrier juif. Je vais mourir, mais ne m’oublie jamais et, quand tu en auras la possibilité, si quelqu’un de ma famille vit encore, raconte-lui.
Je vais mourir, mais toi tu vivras, et je te souhaite le meilleur pour ton avenir. Je te quitte ainsi que tous ceux que j’ai connus et courage, courage (5) et encore courage (6).
L’avenir et les lendemains meilleurs sont loin de moi.
Je t’embrasse ainsi que (quelques mots illisibles) (7) et tous ceux que je connais (8).

Vis, ton très cher

Grzywacz Szlamek (9).


P.-S. : Mes affaires sont restées à la villa Verlaine.


1. Szlomo Grzywacz a écrit cette lettre en polonais. La traduction et les notes sont de Daniel Tollet.
2. Aujourd’hui Val-de-Marne.
3. On lit “Janinko”, cas vocatif du prénom, que l’on peut traduire par “Janine”.
4. L’indication de l’heure est suivie de “pp.” qui peut signifier aussi bien “przed poludniu” (“le matin”) que “po poludniu” (“l’après-midi”).
5. En français dans le texte.
6. En polonais dans le texte (“odwaga”).
7. Peut-être “swoje stary” (“et tes parents”).
8. “Znajomy” signifie tantôt “connaissances”, tantôt “amis”.
9. “Szlamek”, diminutif de Szlomo.



La Vie à en mourir, Lettres de Fusillés 1941-1944, Editions Tallandier, Paris, 2003.

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